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tisans de Jacqueline, enhardis par la mort du Bavarois, n'excitassent des mouvemens en Hollande: il prit donc le parti d'y marcher lui-même, ayant laissé la défense du Brabant au comte de Saint-Pol; à Pierre, seigneur d'Enghien; à Thomas, seigneur de Diest; et à Englebert de Nassau, seigneur de Bréda. Le duc, s'étant rendu successivement dans la Hollande, la Zélande et la Frise, y reçut les marques d'honneur et les sermens de fidélité, comme véritable souverain et légitime seigneur de ces provinces : il en fit la revue, et confia le gouvernement à Jacques, seigneur de Gaesbeke.

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Les Anglais avaient profité de l'absence du duc Jean, , pour ravager le Brabant-Wallon: les états envoyèrent les sires de Montjoie et de Wesemael à Nivelles, et les sires de Rosselaere et de Berg, à Halle, pour défendre cette limite, sur laquelle les troupes débandées des Anglais, essuyèrent divers échecs; mais le duc de Glocester avait jeté dans Braine-le-Comte, une forte garnison, qui inquiétait et dévastait les villages du Brabant, voisins de cette frontière. Les seigneurs de Wesemael, de Montjoie et d'Enghien, pour empêcher ces dégâts, firent des courses fréquentes dans les environs de Braine, comme pour défier la garnison, et l'engager à faire une sortie : le but de ces courses était d'attirer la garnison dans un piége où les Brabançons l'attendaient. Les Anglais, y ayant en effet donné, . furent complètement défaits et poursuivis jusqu'aux portes de la ville. Les Brabançons, enhardis par ce succès, firent tous les préparatifs nécessaires pour assiéger la place toutes les villes firent des levées pour cette expédition. Le duc de Bourgogne envoya

des secours considérables aux Brabançons ; et le comte de Saint-Pol, accompagné des barons du Brabant, vint camper devant Braine. L'armée des assiégeans montait à plus de trente mille hommes, tant Brabançons qu'auxiliaires : la garnison de Braine n'était composée que de deux.cents Anglais, qui, aidés par les bourgeois, soutinrent si vigoureusement, pendant une journée entière, la première attaque des assiégeans, que ces derniers furent forcés de se retirer à l'approche de la nuit. Les assiégés, voyant cependant leur infériorité, firent proposer, pár un héraut, une capitulation aú comte de Saint-Pol, qui, trouvant les conditions trop favorables aux assiégés, refusa de les accepter. Toute cette journée se passa en contestations inutiles. Les Brabançons se déterminèrent donc le troisième jour à donner un second assau mais les Anglais et les bourgeois en furent tellement effrayés, qu'ils consentirent à toutes les conditions qu'on voudrait leur imposer, pourvu qu'on leur laissat les biens et la vie saufs: ils obtinrent cette grâce, à condition que les habitans prêteraient le serment de fidélité au duc Jean. Les Brabançons entrèrent dans la ville avec un si terrible acharnement, que, sans respecter les conditions de la capitulation, ils commencèrent par massacrer impitoyablement tous les Anglais et tous les bourgeois qu'ils rencontrèrent. Ces forcénés, après avoir assouvi leur première fureur par ces cruautés, firent publiquement exécuter ceux qui étaient attachés à leur souveraine, et finirent par livrer la ville au pillage et aux flammes. Le comte de Saint-Pol fut forcé, par le dégel et les pluies qui survinrent, de retour

ner dans le Brabant. Le duc de Glocester, qui s'était avancé jusqu'à Soignies pour secourir Braine, envoya quelques détachemens anglais à la poursuite de l'arrière-garde brabançonne, pour tâcher, en la harcelant, de la rompre : mais cette arrièregarde, composée des meilleures troupes de Bruxelles et de Louvain, commandées par le comte de Saint-Pol, pénétrant le dessein de l'ennemi, continua sa marche avec tant d'ordre, en marchant les rangs serrés, qu'elle ne lui laissa aucun moyen de l'entamer; tandis que ceux qui formaient le centre de l'armée, dans lequel se trouvaient presque tous les barons du Brabant, furent saisis d'une si grande terreur, en voyant les Anglais à leur poursuite, que, dans leur fuite précipitée, ils abandonnèrent tous leurs bagages pour regagner plus promptement leurs foyers.

La duchesse Jacqueline avait, d'un autre côté, envoyé dans la Hollande le chevalier Kyfho, pour assiéger Schoonhoyen, qu'il emporta aisément : Guillaume Conster et Arnoul Beyling, qui défendaient la citadelle, firent une assez longue résistance; mais la disette de vivres les força enfin de se rendre. Kyfho eut la cruauté de faire arrêter Beyling, et de le faire enterrer vif. Le sire de Gaesbeke, gouverneur de Hollande, essaya vainement de reprendre Schoonhoven.

Le duc de Glocester s'était ouvertement brouillé avec le duc de Bourgogne, au sujet des secours qu'il avait accordés aux Brabançons, dans la guerre de Hainaut. Les termes peu mesurés, dans lesquels il avait écrit à ce prince, que d'ailleurs il traitait hautement de pàrjure, avaient si vivement irrité

le fier Bourguignon, qu'il offrit un cartel à Glocester, qui l'accepta. Il retourna en conséquence en Angleterre pour faire les préparatifs de ce combat, laissant en Hainaut la comtesse Jacqueline, que les habitans promirent de garder et de défendre au péril de leur vie et de leurs fortunes.

Les ducs de Bourgogne et de Glocester, décidés à vider leur querelle par un combat singulier, avaient publié un armistice, qui n'empêcha point les Brabançons de poursuivre la guerre. Le duc 1425. de Brabant, au mépris de cet armistice, entra au mois de mai dans le Hainaut, à la tête d'une formidable armée, répandant l'épouvante sur toute sa route. Valenciennes, Condé, Soignies, Ath, Bouchain toutes les villes principales lui ouvrirent leurs portes; les unes par inclination, les autres par crainte: Mons fut la seule qui restat fidèle à ła comtesse: les Anglais, qui y étaient renferinés, osèrent y soutenir un siége contre toutes les forces réunies des Brabançons. La comtesse Marguerite, effrayée des progrès rapides du due Jean, se rendit en diligence auprès de son frère Philippe-leBon, pour l'engager à faire consentir le duc à un accommodement. Philippe l'invita à venir à Douai, -où il le détermina à lever le siége de Mons, et à évacuer le comté de Hainaut les conditions de cet arrangement furent :

1.° Que la duchesse Jacqueline se retirerait dans une ville de la domination du duc de Bourgogne, jusqu'à ce que la cour de Rome aurait prononcé sur son premier mariage;

2.° Que, pendant cet intervalle, le Hainaut serait séquestré et gouverné par un tiers, que nom

merait le duc de Brabant; qu'à cet effet, ledit duc de Brabant (ce sont les propres termes du traité) commettrait un seigneur notable, agréable à monseigneur de Bourgogne, pour gouverner ledit pays de Hainaut lequel gouverneur promettra de bien et léalement garder ledit pays, les priviléges, fran chises et libertés d'icelui, et durera ledit gouvernement, jusqu'à ce que ledit procès soit décidé;

3.° Que la justice y serait administrée par quatre juges, nommés d'un commun accord par les ducs de Brabant et de Bourgogne;

4.° Qu'il serait assigné à la duchesse Jacqueline, une somme convenable pour son entretien, du produit de ses états;

5.° Qu'il lui serait accordé quinze jours de temps pour se déterminer à accepter le présent traité;

6.° Que le duc de Bourgogne, comme cousin germain de Jacqueline, et son héritier présomptif, serait déclaré avoué et protecteur des comtés de Hainaut, de Hollande, de Zélande et de la seigneurie de Frise;

7.° Qu'il y aurait une amnistie générale pour ceux qui, pendant les troubles, avaient suivi l'un ou l'autre parti.

La duchesse, ayant vu les conditions humiliantes de ce traité, refusa d'y donner son consentement. Le duc Jean, indigné de ce refus, vint derechef l'assiéger dans Mons, pour la forcer à accéder au traité. Les bourgeois, craignant d'être exposés à toute la colère d'un vainqueur irrité, employèrent tous les moyens les plus pressans, pour engager la comtesse à se rendre; mais cette fière princesse, traitant leur frayeur de pusillanimité, ir

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