Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

nemi, ce scélérat demanda qu'on redoublât les tour-
mens. Bête féroce, crie Lanchals, tu as bien mieux
» mérité ce supplice que moi, à qui les crimes dont
» tu t'es souillé, ne sont jamais entrés même dans
la pensée. Tu as trahi et persécuté ton prince; tu
» as séduit et soulevé tes concitoyens, que tu as en-
» traînés dans la révolte par tes mensonges; mais tu
» n'échapperas pas à la main vengeresse de la di-
» vinité, dont tes crimes ont attiré la juste colère
» sur ta tête. Souviens-toi de mes dernières paro-
» les ». Cependant, plus les bourreaux redoublaient
de
rage,
et s'acharnaient à tourmenter le malheu-
reux Lanchals, plus il redoublait de fermeté, et
s'obstinait à remontrer à ses juges leurs devoirs, à
reprocher à ses concitoyens leur injustice et leur
ingratitude. La vérité de ces remontrances et de ces
reproches fatigua enfin ces indignes magistrats, qui
ordonnèrent au bourreau de lui trancher la tête. La
violence des tourmens lui avait arraché des incul-
pations contre quelques innocens; il eut la généro-
sité de les rétracter avant de mourir.

Les Brugeois étaient restés en armes pendant six Id., p. 151. semaines, sur la place, au nombre de dix-sept mille environ; mais la fête de pâques les engagea à abandonner leur poste. Dès la veille ils prirent le parti de retourner dans leurs maisons, où ils se rendirent comme en procession solennelle. Sur ces entrefaites, ils reçurent un bref très-pressant, que leur adressait le pape Innocent VIII, daté du 23 mars 1488, par lequel il leur enjoignait, sous les peines canoniques les plus graves, de rendre la liberté au roi des Romains. Le pape adressait également aux états de Hainaut, un bref, par lequel il leur enjoignait de

Ibid., p. 152, 153, 154.

déclarer la guerre aux Flamands, si, après l'admonition qu'il venait de leur faire, ils s'obstinaient à · retenir le roi dans leurs fers.

Cependant, la plus grande partie des députés des états des provinces s'étaient rendus à Gand au terme fixé. La grande question de l'élargissement dư roi des Romains y fut très - vivement agitée. Les conférences, après avoir duré plusieurs jours, furent enfin terminées par un arrangement, dont les conditions furent, que la liberté serait rendue au roi des Romains, à condition que Philippe de Clèves, le comte de Hainaut et le seigneur de Valckenstein, resteront comme otages; le premier, à Gand, et les deux autres, à Bruges, tant que les conditions de la paix seront exécutées; que le seigneur de Clèves pourra prendre les armes, pour les Flamands, contre le roi, et sera dégagé du serment de fidélité qu'il lui a prêté, si le roi contrevenait à l'une ou à l'autre des conditions de la paix ; que le roi s'engagera à renvoyer toutes les troupes étrangères, trois jours après son élargissement, et de manière qu'elles auront évacué la Belgique, sept jours après; que le roi fera, s'il est possible, la paix avec la France; que le roi et les Flamands licencieront toutes leurs troupes, et que les Flamands payeront au roi, en trois termes, la somme de cinquante mille écus d'or, pour l'indemniser des dommages qu'il a soufferts.

Cette paix fut signée à Bruges, le 16 de mai, et le roi sortit de sa prison ce même jour. Les états firent une procession solennelle, à laquelle assista le roi, qui monta sur un amphithéâtre qu'on avait dressé sur la place: après la lecture du traité, il

prononça ce serment: « Nous, de propos délibé» ré, promettons et jurons devant le saint sacre» ment de l'autel, sur le saint évangile, et sur le >canon de la messe, en présence d'une partie de la vraie croix du sauveur et du corps de S. Do» nat, d'observer et d'exécuter dans tous ses points la paix conclue entre nous et les trois états de » Flandre et leurs partisans: proinettant au surplus, sur notre parole de prince, que nous ne souffrirons jamais qu'il soit porté la moindre in» fraction à aucun desdits points, déchargeant les » Flamands du serment qu'ils nous ont prêté en no»tre qualité de tuteur de notre fils. »

[ocr errors]
[ocr errors]

Philippe de Bourgogne, seigneur de Béveren, les états des provinces, le magistrat de Bruges, firent aussi le serment de maintenir la paix. Tous ces sermens furent prêtés entre les mains du suffragant de Tournai, qui chanta la messe. Le roi, après cette cérémonie, se rendit à l'hôtel du seigneur de Ravestein, où se donna un grand dîner, auquel assistèrent les abbés de St. Pierre et d'Afflighem et le seigneur de Béveren. Après le repas, le roi, accompagné des états et de la noblesse, se rendit à l'église de St.-Donat, où Philippe de Clèves prononça le serment suivant: » Je, Philippe de Clè»ves, promets et jure de me rendre dans la ville » de Gand et d'y rester en otage, jusqu'à ce que » tous les articles de la paix aient eu leur pleine » exécution, et, si quelqu'un ose l'enfreindre, je dé» clare que je prendrai les armes contre lui, et que je réunirai toutes mes forces et toutes mes res» sources, pour soutenir les Flamands contre tous » les violateurs du traité. n

Cependant, les troupes allemandes étaient arrivées aux portes de Gand, attendant le roi, qui alla les trouver à la porte de Sainte-Croix, où, après avoir remercié les états de Brabant, de Hainaut et de Namur, des soins qu'ils avaient pris pour sa délivrance, il partit avec sa suite pour Mâle. Philippe de Clèves, qui l'accompagnait, l'ayant tiré en particulier, lui dit : « Sire, actuellement vous » êtes libre je vous prie de me déclarer franche»ment vos intentions avez-vous décidément ré» solu d'observer les conditions de la paix que les » Flamands vous ont forcé d'accepter? Si ce n'est » pas votre intention, je prendrai, de mon côté » le parti qui me paraîtra le plus expédient et le plus honnête». «Mon cousin, répondit le roi, » mon serment et ma promesse sont sacrés : je les garderai inviolablement ». Après ce court entretien, ils se quittèrent. Maximilien se rendit à Mâle, et Philippe à Bruges, d'où il partit incessamment pour Gand.

[ocr errors]
[ocr errors]

CHAPITRE IV.

L'EMPEREUR vient dans la Flandre. - Horrible complot des Gantois. — Maximilien viole le traité conclu avec les Flamands. — - Philippe de Clèves est proscrit : il entre dans Bruxelles. Albert de Saxe est nommé

ves. Paix.

[ocr errors]

gouverneur

de la Belgique. - Succès de Philippe de ClèPhilippe de Clèves sort de Bruxelles, et Albert de Saxe y entre. - Pacification générale. - Nouvelle sédition des Brugeois ils obtiennent leur pardon.

156.

L'EMPER 'EMPEREUR arrivait dans ce moment aux Pays- Pont. Hent., Bas, à la tête d'une armée de quarante mille hom- lib 3, p. 155, me, pour châtier les Flamands. Les Gantois, qui avaient rassemblé trois mille hommes de pied, joints à quatre cents hommes de chevaux que les Français leur avaient envoyés, se préparèrent à une vigoureuse résistance. L'empereur vint camper au village d'Everghem, d'où il envoya un héraut aux habitans de Gand, pour les sommer de le reconnaitre et de le recevoir dans leur ville, comme seigneur suzerain de tous les pays situés au-delà de l'Escaut, et de lui renvoyer, sans délai, le chancelier Jean de Carondelet, et les autres seigneurs qu'ils tenaient dans leurs fers. Dès que le peuple fut informé de ces propositions, un des magistrats de Gand, cordonnier de profession, se rendit secrètement aux prisons, avec un bourreau et un prêtre, dans le dessein de couper la tête aux plus no

« VorigeDoorgaan »