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injures, et ils pendirent l'envoyé de Bouvignes avec un enfant qui l'accompagnait, et mirent la potence sur les remparts de leur ville. Le duc et le comte, justement indignés de cet attentat atroce, firént élar gir la brèche et donner l'assaut. Les Dinantois, qui s'étaient toujours fié à la situation avantageuse de leur ville, contemplant alors avec horreur l'abîme où leur téméraire fureur les avait plongés, envoyèrent au prince huit des plus notables bourgeois, pour offrir de rendre la ville, en demandant seulement la vie sauve. Le prince, refusant de composer avec un peuple qui avait provoqué son courroux, exigea que la ville se rendît à sa discrétion. Les Dinantois, se reposant sur la clémence du vainqueur, apportèrent les clefs de la ville à Antoine, fils naturel du duc Philippe Antoine les donna au comte de Charolois, qui les renvoya à son père. Le duc les remit au comte, qui comprit par ce moyen que le duc abandonnait le sort de la ville à sa volonté. Le comte y fit son entrée, le 25 du mois d'août. Cette cité opulente, après avoir été livrée au pillage pendant huit jours, fut entièrement détruite par le feu, par telle façon, dit la Marche, qu'il semblait qu'il y eut cent ans la ville était en ruine. Le féroce vainqueur, pour assouvir complètement sa vengeance, fit ame ner, sur les bords de la Meuse, huit cents malheureux Dinantois, liés deux à deux, et les fit précipiter dans le fleuve à la vue des flammes qui consumaient leur patrie. Le vieux duc se fit transporter devant Dinant, pour se donner le barbare plaisir de repaître ses yeux de cet horrible spectacle. Ce dernier trait de sa vie offre à l'œil de l'impartial historien un singulier contraste avec la dénomination de bon. Les Dinantois

que

1467.

avaient certainement de grands torts; mais, comme dit Philippe de Commines, la vengeance fut cruelle.

Les Liégeois, qui accouraient au secours des Dinantois, ayant appris le sort de cette ville, retournèrent précipitamment à Liége, d'où ils envoyèrent des députés au duc, qui était à Namur, pour lui demander la paix, qu'il leur accorda aux mêmes conditions que l'année précédente. Les Liégeois, au lieu de neuf otages, promirent d'en envoyer cinq cents, qui furent livrés dès le lendemain. Le duc envoya le seigneur d'Imbercourt à Liége, pour y exercer les fonctions de mambour ou de capitaine du pays, au nom du duc de Bourgogne.

Le duc Philippe se retira, au mois de mai de l'année suivante, à Bruges, où il mourut, le 14 de juin, âgé de 72 ans.

CHAPITRE VIL

CHARLES-LE-HARDI: son inauguration. -Violence des Gantois: ils demandent et obtien nent leur grâce. - Révolte des Liégeois. Siége de Saint-Trond. - Bataille de Brusthem. Reddition de Saint-Trond. - Red

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dition de Tongres Soumission des Liégeois. Sévérité du duc Charles. T Nouvelle révolte des Liégeois. — Entrevue du roi Louis et du duc Philippe à Péronne : ils marchent contre Liége. Prise de Tongres par les Liégeois. Massacre des prisonniers.· Siége de Liége: vigoureuse sortie des Liégeois: leur défaite. Prise et sac de Liége. Dévastation du pays de Franchimont. Charles réunit à ses états le duché de Gueldre et le comté de Zutphen: il conçoit le projet d'ériger ses états en royaume: il veut conquérir la Suisse: il est tué.

CHARL

HARLES, comte de Charolois, fils de Philippele-Bon, fit son entrée et son inauguration solennelle à Louvain, comme duc de Brabant, le 12 juillet 1467, et à Gand, comme comte de Flandre, le 29 suivant. Les Gantois, saisissant l'occasion de cette cérémonie, renfermèrent le prince dans la ville pour le forcer à leur rendre les priviléges que son père leur avait ôtés. Charles, ayant du céder à la violence et aux menaces de ce peuple furieux, partit sur-le-champ pour Bruxelles, jurant dans son cœur

ce,

de tirer une vengeance éclatante de cet attentat : il commença donc par révoquer la concession que les séditieux lui avaient extorquée. Le magistrat et la noblesse de Gand, pour appaiser la colère du prinfirent arrêter les chefs de cette émeute, dont les uns furent pendus et les autres décapités. Une députation des plus notables citoyens de Gand, se rendit à Bruxelles pour implorer la clémence du prince, qui leur accorda leur grâce, à condition qu'ils lui payeraient une grosse amende.

Cette émeute appaisée fut suivie d'une nouvelle révolte des Liégeois, suscitée par Louis XI. Ce prin

fourbe raffiné, voyant que le duc de Bourgogne continuait secrètement de seconder les projets des grands du royaume, qui frémissaient de l'abaissement où leur roi les avait réduits, crut que le plus sûr moyen de parer le coup qu'il craignait, était d'occuper tellement le duc dans ses propres états, qu'il fût dans l'impuissance de lui nuire : il excita donc et il appuya la révolte des Liégeois, qui furent, comme il arrive toujours aux petits états, la victime de sa lâche politique. Les Liégeois, ennemis de leur bonne fortune, dit la Marche, voulurent éprouver si leur fortune ne serait pas meilleure contre le fils que contre le père; et, pour commencer leur malheur, ils reprirent la ville de Saint- Trond sur le duc de Bourgogne, à qui elle était assurée les derniers traités. Le duc, voyant que, par par cette voie de fait, les Liégeois avaient rompu la paix et les traités, assembla une armée dans les environs Id., ch. 29. de Louvain, d'où il vint mettre le siége devant SaintTrond, où étaient renfermés trois mille Liégeois environ; déjà, la ville était assiégée depuis trois jours:

Philip. de Commin.,

ch. 27.

les Liégeois, au nombre de plus de trente mille hommes, tant bons que mauvais gens de pied, excepté cinq cents chevaux, vinrent, avec une nombreuse artillerie, au secours de Saint-Trond. Le comte de Berlo, chargé de l'étendard de S. Lambert, conduisait cette troupe de Liégeois, qui perdirent, près de Brusthem, village dans les envi rons de Saint-Trond, une grande bataille, dans laquelle il en périt neuf mille environ, qui, dit Philippe de Commines, semble beaucoup à toutes gens qui ne veulent point mentir. Cependant, la perte dut réellement être considérable, puisque le même auteur ajoute que si la nuit n'était survenue, il en serait mort plus de quinze mille. Fastré - Baré, bourgmestre de Liége, y fut tué d'un coup de lance.

Les Liégeois, renfermés dans Saint-Trond, ap- Id,. ch. 30. prenant cette défaite, rendirent la ville, déposèrent les armes et donnèrent dix hommes au choix du duc, qui eut la barbarie de les faire décapiter.

Le duc marcha sur Tongres, qui se rendit sans résistance. Les habitans livrèrent, comme ceux de Saint-Trond, dix hommes, qui éprouvèrent le même sort. Le duc s'avança sur Liége, dont les habitans étaient partagés en deux partis : les uns voulaient qu'on se défendit, et les autres, qui voyaient brûler et détruire tout le pays, voulaient qu'on se rendît ce dernier parti prévalut. On conduisit au duc trois cents des plus notables habitans, les jambes et la tête nues, lesquels apportèrent, au vainqueur, les clefs, et lui rendirent la ville: ils n'obtinrent que la triste grâce de ne point être livrés au feu et au pillage.

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