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Pendant les années suivantes, les actes émanés de ce prince sont peu nombreux, et des premiers, nous n'avons que la copie dans des cartulaires où les formules initiales n'ont pas été transcrites (973, 1021). C'est en 1217 que nous trouvons pour la première fois juxtaposée au nom de Thibaut IV la formule diplomatique depuis si célèbre comte palatin de Champagne et de Brie, comes Campanie et Brie palatinus, où, pour suivre l'ordre des mots consacré par un usage invariable dès la majorité de Thibaut IV Campanie et Brie comes palatinus, en français « de Champaigne et de Brie cuens pala» zins » (1083) (a). Dans le même acte, Blanche' se dit comtesse de Troyes, et, jusqu'à sa mort, elle ne cessa pas de le faire (b), bien que ses contemporains lui donnassent souvent le titre de comtesse de. Champagne, et que Philippe-Auguste lui-même en parlant d'elle, se soit d'ordinaire exprimé ainsi (c).

A partir de l'avènement de Thibaut IV au trône de Navarre, tous nos comtes, sauf Edmond,joignirent le titre de roi de Navare à celui de comte de Cham

(a) Dans un acte de la même date, Thibaut IV se dit simplement comte de Champagne (1085).

(b) Nous pourrions citer d'autres exemples de chartes où Blanche, se qualifiant de comtesse de Troyes, Thibaut se dit comte de Champagne et de Brie. Voir par exemple dans notre Catalogue les nos 1125, 1408, 1409.

(c) Catalogue nos 823, 870, 978, 995, 1022, 1058. Dans d'autres actes, Philippe-Auguste se sert de l'expression de comtesse de Troyes; ces actes sont des lettres missives adressées à Blanche (573, 962, 963, 1022).

pagne et de Brie en plaçant ce dernier le second : Dei gratia rex Navarre, Campanie et Brie comes palatinus,« par la grace de Deu rois de Navarre, de >> Champaigne et de Brie cuens palazins. >>

De ces faits, il reste à tirer quelques conséquences :

Toute charte qui commence ainsi Ego Theobaldus, Campanie et Brie comes palatinus, est de Thibaut IV; elle ne peut se confondre ni avec celles de Thibaut V, puisque le titre de roi de Navarre ne s'y trouve pas, ni avec celles de Thibaut III, ou de ses prédécesseurs de même nom, car ceux-ci ne se sont jamais qualifiés de comtes de Champagne et de Brie, ni même seulement de comtes de Champagne (a).

Toute charte qui débute par ces mots : Ego Theobaldus, Trecensium comespalatinus, est de Thibaut III, car, des cinq comtes de Champagne qui ont porté le nom de Thibaut, ni Thibaut Ier (b), ni Thibaut IV, ni Thibaut V n'ont pris le titre de comte palatin de Troyes; quant à Thibaut II, il écrivait son nom Teobaudus et son titre ordinaire est Blesensis comes : si nous avons trouvé un exemple où il se donne le titre de Trecensium comes palatinus, nous n'en avons trouvé qu'un, et c'est dans un cartulaire qui, malgré sa valeur, ne mérite pas entière confiance (c).

Nous ne connaissons pas de différence entre les suscriptions des chartes d'Henri Ier et celles des

(a) Voir notre t. I, p. 422, et notre t. II, p. 409.

(b) Voir notre I, p. 422.

(e) Deuxième Cartulaire de Molesme, voir notre t. II, p. 409, 410, 418, 419.

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chartes d'Henri II; pour distinguer ces deux prinil faut recourir aux formules finales, c'est-àdire aux noms des chanceliers, des notaires et des témoins; et encore ces noms étant souvent les mêmes sous les deux règnes (a), ce moyen est d'ordinaire insuffisant. Mais Henri III qui prit le titre de roi de Navarre ne peut être confondu ni avec Henri Ier, ni avec Henri II.

Les deux comtesses du nom de Blanche, Blanche de Navarre, femme de Thibaut III, et Blanche d'Artois, femme d'Henri III, se reconnaissent facilement, puisque la seconde seule était reine de Navarre et en prenait le titre.

On est en droit de déclarer antidaté ou faux tout acte où un personnage du nom de Thibaut ou d'Henri se donne, avant l'année 1214, la qualité de comte de Champagne et de Brie.

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Avant l'année 1230, nous n'avons rencontré que deux actes français parmi les chartes émanées de la chancellerie de nos comtes: ce sont le règlement de Blanche de Navarre pour l'administration de l'Hôtel-Dieu le Comte de Troyes en 1213 (812), et la confirmation, par Thibaut IV, des priviléges de la commune de Meaux en 1222 (1421); nous ne possédons que des copies de ces deux chartes; tandis que, pour l'année 1230, nous avons une charte française originale, celle de la commune de Troyes (2062), sans compter la copie de la charte semblable

(a) Voir plus haut, p. 525, 533, 560-568.

obtenue à la même date par la commune de Provins (2061). Toutefois, ces deux chartes constituent une exception, car Thibaut IV a daté de la même année soixante-deux chartes latines qui nous sont conservées. Les concessions de la charte de Troyes à différentes villes de Champagne en 1231 et en 1232 ont été, comme la charte primitive, rédigées en français (a). Ce fut en français qu'en 1231 Thibaut IV confirma la charte de la ville de Neufchâteau (2139). Il fit écrire en français, la même année, une charte qui énonce ses droits sur cette ville (2182). En résumé, du mois de septembre 1230 au mois de janvier 1232, nous connaissons douze chartes françaises de Thibaut IV. Mais de cette date au mois d'avril 1241, il s'écoule un intervalle de neuf ans dans lequel nous n'en avons trouvé aucune. Pais elles reparaissent, et leur nombre s'accroît graduellement, surtout sous les successeurs de Thibaut IV. Déjà, pendant les dernières années du règne de ce prince, non-seulement les affaires communales sont d'ordinaire traitées en français (2561, 2626, 2739, 3044), mais le français devient peu à peu, à la chancellerie de Champagne, la langue des affaires féodales (2624, 2769, 2819, 2914, 3037) et même quelquefois des affaires ecclésiastiques (2680, 2709, 2743, 2948, 2992, 3035, 3039); cependant, sous son règne, comme sous le règne de son successeur, les chartes latines restèrent les plus nombreuses, si l'on en juge d'après celles que nous avons conservées. Ainsi, durant l'année 1270, qui est celle pour

(a) Catalogue nos 2125, 2126, 2130-2132, 2143, 2169,

laquelle nous avons réuni la plus grande quantité d'actes émanés de Thibaut V, nous avons compté quarante-six pièces écrites en latin (a) et vingt-et-une seulement en français (b), c'est-à dire moins de moitié. Mais, sous Henri III, la supériorité du nombre passe du côté des chartes françaises; nous en avons recueilli vingt-et-une (c), et nous ne pouvons mettre en regard que onze chartes latines (d). Pendant la régence de Blanche d'Artois, celles-ci reprennent la majorité, quatre (e) contre une (3807); et elles la conservent sous la régence d'Edmond, onze (f) contre huit (g). On ne doit pas tirer des conséquences trop absolues de recherches que des travaux ultérieurs pourront compléter, en donnant sur quelques points de détail des résultats différents. Mais ce qui nous paraît incontestable, c'est que la langue française après avoir fait son apparition à la chancellerie de

(a) Catalogue nos 3577, 3585, 3587-3592, 3595, 3596, 36003603, 3605-3608, 3615-3617, 3619-3627, 3629, 3631, 3632, 3635-3640, 3643-3646, 3657, 3659, 3664.

(b) Catalogue nos 3599, 3604, 3609, 3618, 3628, 5630, 3641, 3647-3651, 3658, 3662, 3666, 3667, 3670-3674.

(c) Catalogue nos 3678, 3689, 3697, 3734, 3737, 3739, 3741, 3755, 3757, 3764-3769, 3771, 3779, 3781, 3783, 3787, 3790, 3792.

(d) Catalogue nos 3676, 3677, 3679, 3687, 3747, 3761, 3773, 3774, 3776, 3780, 3786.

(e) Catalogue nos 3805, 3806, 3820, 3822.

(f) Catalogue nos 3829, 3831, 3832, 3836, 3837, 3839, 3845, 3846, 3847, 3853, 3854.

(g) Catalogue nos 3828, 3834, 3838, 3840, 3841, 3842, 3852, 3855.

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