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cette hypothèse soit exacte, il faudra, pour trouver le revenu total du comté de Champagne à l'avènement d'Henri III, ajouter à l'évaluation que nous venons de donner 1,200 livres tournois valant 24,316 fr., au pouvoir de 121,580 fr., ce qui nous permettrait de fixer le revenu net du comté de Champagne, vers 1270 ou 1271, à 37,400 livres tournois valant 757,866 fr. au pouvoir de 3,789,330 fr. Si nous comparons ce revenu à celui de l'année 1233, nous trouverons qu'il s'était produit une augmentation de 3,650 livres tournois valant 73,962 fr., au pouvoir de 369,810 fr.; ainsi, en vingt-huit ans le revenu net de nos comtes s'était accru d'un neuvième.

Les documents contemporains de la réunion à la couronne de France constatent une augmentation nouvelle. A cette époque, l'année financière usitée dans la comptabilité de Champagne était divisée en deux parties inégales : l'une commençait le 1er janvier, pour finir le dimanche avant la Madeleine, et durait un peu plus de six mois; l'autre, un peu moins longue, commençait le dimanche avant la Madeleine pour finir au 1er janvier (a). D'importants extraits du compte de la première partie de l'année 1285 nous ont été conservés dans un manuscrit de Lévêque de La Ravallière, qui se trouve à la bibliothèque impé

(u) Dans la comptabilité des rois de France, l'année financière était divisée non en deux parties, mais en trois; les termes adoptés étaient la Chandeleur, l'Ascension et la Toussaint. Voir la Dissertation de M. Wailly sur les dépenses et les recettes ordinaires de saint Louis, (D. Bouquet, t. XXI, p. LIII et suiv.); Boutaric, La France sous Philippe le Bel, p. 327 et suivantes.

riale, et nous avons publié ces extraits dans notre second volume, pages LXIII et suivantes. Le compte de la seconde partie de l'année 1287 existe encore en original à la bibliothèque impériale, Mélanges de Clérambault, tome IX. Il est inédit, mais il a été analysé avec beaucoup de soin, de méthode et de talent par M. André Lefèvre, dans son mémoire sur les finances de la Champagne (a). On remarquera que le premier de ces comptes appartient seul à l'époque de l'autonomie de la Champagne, mais le second est de deux années seulement postérieur au terme de cette période; il est peu probable que dans un espace de temps si court il se soit produit des événements capables de modifier sensiblement la situation. financière du pays.

Le compte de la première partie de l'année 1285 donne une recette brute de 36,425 liv. 12 s. 7 d. obole tournois (b). Dans le compte de la seconde partie de l'année 1287, la recette brute est de 23,590 liv. 1 s. 11 d. (c). En additionnant ces deux sommes, nous trouvons un total de 60,015 liv. 14 s. 6 d. obole. La livre tournois valait alors, suivant les calculs de M. de Wailly, 20 fr. 10 c. 6,329,789, ce qui donne à 60,015 liv. 14 s. 6 d. obole tournois une valeur intrinsèque de 1,206,696 fr. au pouvoir de 6,033,480 fr. Pour trouver le revenu net, il faut retrancher les dépenses que l'on pourrait qualifier

(a) Ce travail a été publié dans la Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, 4 série, tomes IV et V; nous le citerons d'après le tirage à part.

(b) Voir notre t. II, p. LXXIII, art. 158.

(c) André Lefèvre, les Finances de la Champagne, p. 67.

d'obligatoires. Ce sera, pour la seconde partie de l'année 1287, la totalité des dépenses portées dans le compte, lesquelles s'élèvent à 10,935 liv. 2 s. 1 d. Pour la première partie de l'année 1285, nous soustrairons de la dépense, qui s'élève à 11,804 liv. 19 s. 3 d., la somme de 451 liv., montant du chapitre intitulé: Dons et deniers bailliez par la cort le roy (a), ce qui réduira les dépenses obligatoires de cette partie de l'année 1285 à 11,353 liv. 19 s. 3 d. En additionnant les dépenses obligatoires de la première partie de l'année 1285 avec celles de la seconde partie de l'année 1287, nous trouverons pour la totalité des dépenses obligatoires d'une année la somme de 22,289 liv. 1 s. 4 d., dont la valeur intrinsèque était de 448,151 fr. au pouvoir de 2,240,755 fr. En retranchant cette somme de la recette brute, il nous restera pour le revenu net 37,726 liv. 13s. 2 d. valant 758,545 fr. au pouvoir de 3,792,725 fr.

:

Ce chiffre n'est pas sensiblement différent de celui que nous avons trouvé à l'avénement d'Henri III et qui est de 37,400 liv. tournois, valant 757,866 fr. au pouvoir de 3,789,330 fr. Mais il y a deux observations à faire l'une est que dans les comptes dont nous venons de parler, il n'est fait aucune mention des recettes ni des dépenses du douaire constitué par Henri III à Blanche d'Artois, sa femme, en 1273 (3737); ce douaire devait produire un revenu net analogue à celui de Marguerite de Bourbon, évalué en 1233 à 4,000 livres parisis (2229), qui égalent 5,000 livres tournois valant, en 1285, 100,531 fr. au pouvoir de 502,655 fr.

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En second lieu, la première partie de l'année financière 1285, du 1er janvier au dimanche avant la Madeleine, et la seconde partie de l'année 1287, du dimanche avant la Madeleine au 1er janvier suivant, donnent réunies 360 jours seulement, ce qui fait un déficit de 5 jours sur l'année, c'est-à-dire un déficit d'un soixantième-treizième de l'année, et de la soixantedouzième partie du nombre de jours auquel se rapportent les chiffres que nous avons recueillis dans les comptes précités, soit, en recette brute, 833 liv. 11 s., valant 16,760 fr. au pouvoir de 83,800 fr.; en dépense, 309 liv. 11 s. 4 d. valant 6,224 fr. au pouvoir de 31,120 fr., et en recette nette 523 liv. 19 s. 8 d. valant 10,536 fr. au pouvoir de 52,680 fr. En résumé, le revenu net du comté de Champagne au moment de la réunion à la couronne s'élevait à

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valant 869,612 fr., au pouvoir de 4,348,060 fr.

De ces chiffres il résulte que, depuis l'avénement d'Henri III jusqu'à la réunion de la Champagne à la couronne, c'est-à-dire en près de quinze ans, les revenus du comté de Champagne se sont accrus de la différence entre 757,866 fr. et 869,612 fr., soit de 111,746 fr. au pouvoir de 558,730 fr., c'est-à-dire de plus d'un septième. Que le revenu net de l'époque de la réunion à la France soit comparé à celui de l'année 1233, il en ressort une augmentation

égale à la différence entre 683,904 fr. et 869,612 fr., c'est-à-dire que l'accroissement de revenu a été dans cette période de 185,708 fr. au pouvoir de 928,540 f., soit, en cinquante-deux ans, de plus d'un quart; l'augmentation annuelle qui en résulte s'élève à 3,571 fr. au pouvoir de 17,855 fr.

Pour rendre plus sensible l'importance du revenu des comtes de Champagne au XIIIe siècle, nous mettrons en regard celui de quelques-uns de leurs comtemporains.

En 1270, Hugues, comte de Brienne, un des grands vassaux de Champagne, prit l'engagement de payer à Thibaut V, pour droit de relief, 2,000 liv. tournois (3661). Il s'agissait de la succession de ses deux frères Jean et Hémeric, fils, comme lui, de Gautier IV, comte de Brienne. Ces 2,000 liv. sont l'évaluation du revenu net de Jean et d'Hémeric. Si l'on admet que, conformément à l'ordonnance de 1224, les trois fils de Gautier IV avaient reçu chacun une part égale, il faudra, pour trouver le total du revenu net partagé eutre eux, augmenter cette somme de moitié, et nous reconnaîtrons que la succession de Gautier IV, divisée d'abord entre ses trois fils, puis réunie dans les mains de Hugues, c'est-àdire le comté de Brienne avec ses dépendances, produisait un revenu net de 3,000 liv. tournois valant 60,791 fr. au pouvoir de 303,955 fr. C'est moins que le dixième du revenu de Thibaut IV en 1233; ce n'est pas le douzième du revenu d'Henri III; ce n'est pas le quatorzième du revenu de la Champagne au moment de la réunion à la Couronne.

En 1237, Jeanne, comtesse de Flandre, se remaria, et Thomas de Savoie, son nouvel époux, dut

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