Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

semble avoir la même valeur qu'une charte: nous voulons parler de la légende PETVS EPISCOPUS, ou beatus petrus, qui rappelle évidemment un monnoyage concédé précédemment au clergé local. Or, la cathédrale était et est encore sous le vocable de saint Pierre et de saint Paul. Il faut en conclure que primitivement le chapitre de la cathédrale, sinon l'évêque de Troyes, obtinrent une monnaie dans cette ville. Si les évêques de Troyes ne signèrent pas la monnaie, c'est que justement à l'époque où cet usage s'établissait ailleurs, les comtes de Troyes se substituèrent aux prélats. Nous essaierons plus bas de fixer, au moins approximativement, le moment où ce changement se manifesta.

Il est permis de penser que dans une ville dont les foires étaient connues depuis le ve siècle, le besoiu d'avoir une monnaie locale avait motivé une concession royale en faveur du chapitre. Nous avons déjà établi que les célèbres foires de Provins avaient contribué à l'établissement et au développement de l'usage de la monnaie provinoise. Nous avons malheureusement peu de documents sur l'histoire des évêques et de la cathédrale de Troyes aux vinio et Ix siècles. La Chronique de Flodoard nous apprend seulement que l'évêque Octulf ou Atulf, dans une lettre à Hincmar, lui parlait de son projet de reconstruire Saint-Pierre (a). Ce prélat vivait au milieu du Ix' siècle, sous le règne de Charles le Chauve; mais nous n'avons rien qui puisse nous faire con

(a) Edon de l'Académie de Reims, t. II, p. 30. Gall. Christ., XII, 492.

naître si Pépin, Charlemagne et Louis le Débonnaire furent les bienfaiteurs de la cathédrale de Troyes.

En suivant pour Troyes la même marche que nous avons indiquée pour Provins, nous arrivons à indiquer une date contemporaine pour le commencement de l'atelier féodal dans ces deux localités. En effet on peut remarquer que, à dater du règne de Charles le Simple, 893-929, le type de la monnaie de Troyes s'immobilise. On connaît une série de deniers et d'oboles au monogramme et aux légendes carolingiennes qui se continuent jusqu'au commencement du x1° siècle, et qui, par une suite de dégénérescences faciles à suivre, finissent par un type confus.

Nous attribuons donc à la période pendant laquelle régnèrent les comtes de la maison de Vermandois les monnaies dont nous allons donner la description 923-1019. L'immobilisation des types et légendes de Charles le Simple nous porterait à croire que nos comtes commencèrent à déposséder l'église cathédrale de Troyes de son droit de monnoyage. Vers la même époque, un fait analogue se produisait à Chartres et à Toulouse. Quand on étudie la numismatique féodale de la France, on est frappé de ce fait que l'autorité laïque s'attacha à se substituer à l'autorité religieuse dans la fabrication des monnaies. On remarque aussi combien sont exceptionnelles les concessions monétaires aux seigneurs par les rois.

A nos yeux, les pièces qui portent les noms des rois changeant suivant les règnes constitueraient le monnoyage purement épiscopal, et l'immobilisation serait l'indice de l'influence féodale:

19. R. P. (Rex Pipinus). Dans le champ, deux

points.

.TRICAS. En deux lignes. Denier.

20. CAROLVS. En deux lignes.

R. TRICCAS. En deux lignes, séparées par une barre à l'extrémité de laquelle sont trois points. Denier.

21.XHIIVTHVVIVII. Monogramme de Carolus. R. † TIECAS CIVITAS. Croix. Denier. Cette pièce est remarquable par le désordre des légendes assez fréquent sous la seconde race.

22.

23.

CARLEHAN. REX. Monogramme de Karolus.

R. TRECAS CIVITAS. Croix. Denier.

[merged small][merged small][ocr errors]

MISERICORDIADIIX. Monogramme de Lu

CIVITAS TRECAS. Croix. Denier.
GRACIA DI REX. Monogramme de Karolus.
CIVITAS TRECAS. Croix cantonnée d'un

[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small]

1. TRECENS CIV. Croix (a).

Avec la maison de Blois, nous voyons dans le monnoyage troyen des changements qui ne laissent pas que d'avoir une certaine importance, et que nous allons essayer d'expliquer.

(a) L'ouvrage de M. Poey d'Avant fait connaître plusieurs variétés de ces deniers, imités de ceux de Charles le Simple, qui, par leur fabrique, se placent au commencement du x1° siècle.

M. de Longpérier a signalé le premier (a) les deniers qui portent, avec le monogramme carolin trèsaltéré, les légendes TRECAS CIVI MAIDIS CIVITAO. Dans cette dernière lettre, placée à l'endroit où un peu plus tard Thibaut Ier plaçait son TEBO, nous proposons de voir l'initiale du comte Eudes, ODO, 1019-1037. Ce personnage, qui avait les comtés de Troyes et de Meaux, aurait émis des monnaies portant les noms de ces deux villes concurremment à celles qui étaient frappées par les évêques.

Vers la même époque, nous voyons apparaître à Troyes des deniers qui semblent avoir été faits pour être distingués des monnaies que nous attribuons aux comtes de Blois : les unes, avec le monogramme carolingien, portent une croix dont la branche supérieure est recroisetée; les autres sont au type anonyme de Sens; les unes et les autres portent une légende analogue: TRECASI CIVI, TRESCIA CIVI. Les premières, à nos yeux, sont épiscopales; les secondes sont féodales. Nous avons établi ailleurs que les deniers anonymes de Sens avaient pu être émis de 1016 à 1055 (b). Voici la description de ces monnaies :

27. MEIDIS, MELDIS OU MEDIS CIVITAO. Monogramme carolin.

[merged small][ocr errors][merged small]

TRECASI CIVI. Croix. Denier et obole (c). GRACIA DI REX. Monogramme carolin dé

(a) Rev. num., 1840, p. 131.

(b) Rev. num., 1860, p. 372.

(c) Voyez les variétés dans Poey d'Avant, Op. land., t. III, p. 243 et 244, pl. cxxxvii.

. TRECAS CIVI. Croix dite archiepiscopale. 29. TRECSIA CIVI (par transposition pour TRECASI). Croix.

R. Sans légende. Croix. Entre les grenetis deux croisettes.

Sous Thibaut I, il y eut évidemment un accord entre ce prince et le chapitre de la cathédrale ou l'évêque pour la fabrication de la monnaie à Troyes. C'est ainsi seulement que l'on peut expliquer ces deniers qui, avec le nom du comte au revers, offrent au droit le nom du patron de la cathédrale entourant un monogramme composé de manière à rappeler, au premier coup-d'œil, l'ancien monogramme carolingien (a). 30.

PETUS EPISCOPUS. Monogramme.

R. TRECAS CIVI TEBO. Croix.

Nous connaissons les monnaies de Hugues, avec son nom, dont nous allons parler. Il faut donc placer entre Thibaut Ier et Ilugues les pièces suivantes, identiques aux monnaies de ce dernier et qui ne portent pas de nom de comte; peut-être ont-elles été frappées non-seulement sous le règne d'Etienne ler, qui fut très-court, mais aussi pendant les premières années de celui d'Hugues.

En effet, en 1104, le comte Hugues était, avec Robert de Bourgogne, au siége de Nogent-le-Roi. Il

:

(a) Ce monogramme, jusqu'à présent, n'a pas été définitivement expliqué nous pensons que l'on peut y voir le mot urbis, qui complète la formule Petrus episcopus urbis. Il est à remarquer que la légende, qui est presque toujours Petus epicopus, semble devoir emprunter le R du premier mot et l'S du second au monogramme.

« VorigeDoorgaan »