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la comparaison du type avec celui d'espèces dont l'époque est aussi certaine que possible. Rappelons ici que c'est à la perspicacité de Duchalais (a) qu'est due l'attribution de cette série à Provins. Voici la description des principales variétés :

5. RIL.DVNIS CATO. Le monogramme de Raoul est altéré au point qu'on ne voit plus qu'un peigne (b) surmonté d'une croisette placée entre deux anneJets.

SEEIIOMIS CIVI. Croix accostée en chef de deux besants les lettres alpha et oméga sont pendues à ses branches (deniers et oboles).

6.

RILDVNS CATO. Même type. B.SEEIOMS CIVI. Même type. 7. RIEPVMIS CATO. Même type.

8.

. SEEFOMS CIVI. Même type.

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PIRPVIMIS CATO, en légende rétrograde. Même type.

B. SEEI OEMS, en légende rétrograde. Même type.

Il suffit de placer le revers de l'une de ces monnaies auprès d'un denier frappé à Sens au nom du roi Philippe I pour reconnaître que ces provinois ne peuvent pas être antérieurs aux deniers royaux qui leur ont servi de modèles. Philippe Ier ayant régné de 1060 à 1108, et les premiers provinois portant le nom d'un comte de Champagne étant de Thibaut II, 1425-1152, cette série nous représente

(a) Bibl. de l'Ecole des Chartes, 2 série, T. I, p. 239 et seq. (b) Nous nous servons du mot peigne, parce qu'il donne une idée assez exacte du type, bien qu'il ne s'agisse pas ici d'un peigne proprement dit.

les monnaies qui furent frappées à Provins pendant soixante-cinq ans, de 1060 environ à 1125, ce qui embrasse les règnes de Eudes II, Thibaut Ier, Eudes III et Hugues. Nous ne nous avançons donc pas imprudemment en considérant ces pièces comme le produit du premier monnoyage de la maison de Blois à Provins.

Entre les monnaies de la maison de Vermandois et celles des premiers comtes de la maison de Blois, nous sommes très-disposé à placer les pièces sui

vantes :

9.

GRACIADITIS. Type du peigne identique avec

les monnaies décrites ci-dessus.

R. SENONS Civ. Croix.

10. Pièce semblable, avec la légend† GRACIA

DITI.

11. cevcivɔrisi. Type du peigne.

B. SNCOIS CIVI. Croix.

Ce sont là de véritables provinois, mais nous les considérons comme frappés à Sens. Voici nos rai

sons:

Les monnaies qui portent des légendes en désordre ne peuvent être des espèces officielles : ce désordre est calculé pour les faire confondre avec un numéraire que l'on a eu intérêt à imiter. Ici nous voyons le nom de la cité de Sens, et la légende carolingienne Gratia Dei rex accompagnant un type qui est exclusivement celui de Provins pendant toute la seconde moitié du XIe siècle. L'absence du nom de Provins ne permet pas cependant d'attribuer ces monnaies. à l'atelier de cette dernière ville.

Or, de 1031 à 1033 Sens fut au pouvoir du comte Eudes de Blois, le premier de cette maison

qui eut les domaines qui devaient plus tard former le comté de Champagne. N'est-il pas naturel de penser que Eudes de Blois, pendant qu'il fut maître de l'atelier de Sens, y fit frapper des provinois en conservant le Gratia Dei rex qui était la légende traditionnelle des monnaies royales de cette cité? Cette série se placerait donc immédiatement avant celle que nous avons décrite ci-dessus et dont la date est mathématiquement fixée (a).

Les plus anciennes mentions de la monnaie de Provins ne remontent pas, dans les actes, au-delà de la fin du x1° siècle, sous les règnes Thibaut Ier, Eudes III et Hugues. Entre 1079 et 1099 Ursion, prieur de Saint-Martin-des-Champs, donnait à la femme de Nantier de Montjay sexaginta solidos Pruvinensium (b). Deux actes qui se rattachent à EtienneHenri, comte de Blois, qui eut la Brie, parlent, l'un de XL solidos pruviniensis monete (c), l'autre de xxv solidos proviniensis monete (d). Depuis le x11° siècle les mentions de la monnaie de Provins deviennent si

(a) M. Ph. Salmon (Rev. num., 1854, p. 220 et seq.) suppose que ces deniers ont été forgés par le roi qui, convoitant la Champagne et le Sénonais, aurait voulu créer une monnaie qui, sans trop différer de la sienne, se serait éloignée de celle du comte de Champagne et de celle du comte de Sens, ses ennemis. Nous croyons plus logique de penser que l'imitation est due au comte de Champagne et non au roi de France.

(b) D. Marrier, Hist. de Saint-Martin-des-Champs, p. 487. (c) Coll. Dupuy, vol. 910, fo 35 ro.

(d) Cartul. de N.-D. de Paris, t. I, p. 289. La rectification de la date attribuée à ce diplôme fait l'objet d'une dissertation qui paraîtra prochainement.

multipliées qu'il devient inutile de les relater ici : nous ne pouvons que renvoyer aux travaux de notre confrère M. Félix Bourquelot (a).

La monnaie de Provins cessa d'être anonyme sous le comte Thibaut II, 1125-1152. A dater de ce prince, et pendant plus d'un siècle, le numéraire champenois est signé, à Provins, par les personnages qui se succédèrent dans le comté de Champagne. C'est à Thibaut II, ainsi que nous l'avons établi, que remonte la constitution définitive du comté de Champagne en grand fief (b).

Nous avons un monument singulier qui sert à déterminer la monnaie de Thibaut II: c'est une charte-notice de 1138, commentée par Duchalais, et relative à l'abbaye Saint-Maur-des-Fossés. Adam, vicomte de Melun, ayant été condamné à payer à l'abbé unum pruvinensem nummum, cette monnaie, en vertu de la sentence, fut percée et attachée au bas de l'acte qui existe encore aux archives de l'empire muni de ce sceau bizarre. Or ce nummus pruvinensis porte le nom du comte Thibaut. En voici la description :

12. CASTRI PRVVINS. Peigne. Au-dessus un T ou un v accosté de deux annelets.

R. TEBALT COMES. Croix cantonnée au 1er et 4° d'un besant, au 2° d'un alpha, au 3 d'un oméga.

(a) Histoire de Provins, t. I, p. 429 et seq. Eludes sur les foires de Champagne et de Brie, publiées dans les Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des Inscriptions et BellesLettres, t. V, IIe partie, 2o série.

(b) Voy. plus haut, t. II, p. 420 et seq.

13. Le monnoyage d'Henri ler est complètement semblable à celui de Thibaut II, il n'en diffère que par la légende HENRI COLES.

Il semble que sous le règne d'Henri Ier la monnaie épiscopale de Meaux était celle qui avait, par le fait, le cours le plus répandu dans la Brie. Cn ne peut expliquer que par cette faveur l'empressement avec lequel le comte de Champagne fit forger, dans ses ateliers, des monnaies de Meaux probablement de moins bon aloi que celles du prélat. Dans la charte en date de 1165, par laquelle le comte déclare qu'il a eu tort, et que désormais il ne fera plus de monnaie meldoise, soit bonne, soit fausse, nec bonam nec falsam, il semble s'excuser en représentant comme le résultat de représailles l'acte peu délicat qu'il avait commis: Notum facio quod orta discordia inter me et dominum Meldensem episcopum, Stephanum, monētam Meldensi monete similem feci in terra mea (a). L'évêque de Meaux y gagna que sa monnaie, depuis 1165, fut reçue en Champagne, sans aucun change, sur le pied de la monnaie du comte.

Le privilége monétaire des évêques de Meaux paraît, du reste, avoir déjà antérieurement excité la convoitise de ses puissants voisins. L'un des prédécesseurs d'Etienne, Bernard, eut des démêlés avec deux individus qui prétendaient jouir héréditairement du droit de fabriquer la monnaie de Meaux, concédé temporairement à leur père par le prélat ou son prédécesseur. Le comte Thibaut intervint pour

(a) D. Martenne, Ampliss. coll., I, 873 (Catal. no 131). Cette charte est suivie d'un acte par lequel Etienne de Champagne, seigneur de Sancerre, garantit la promesse de son frère.

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