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CHAPITRE IX.

Ponts et Chaussées.

C'était au moyen de péages qu'il était pourvu à la plupart des dépenses de la voierie.

On couvrait les dépenses ordinaires au moyen de péages permanents, tel était à Troyes le péage connu sous le nom de chaussée (3648).

Quand des dépenses extraordinaires devenaient indispensables, on établissait des péages nouveaux, dont la durée n'était que momentanée. Ainsi, en 1263, Thibaut V, l'évêque et le chapitre de Meaux reconnurent la nécessité d'exécuter dans les voies de Meaux des travaux considérables pour se procurer les fonds, ils firent en différents endroits. placer en travers des rues des chaînes de fer mobiles confiées à des agents qui ne laissaient passer personne sans exiger l'acquittement d'une redevance. Aux termes d'un traité conclu entre le comte, l'évêque et le chapitre, ces barrières durent subsis

ter six ans.

Les péages, dont le produit était affecté à la voirie, étaient tantôt mis en régie, tantôt affermés.

En 1203, Blanche de Navarre voulant rétablir ou créer une chaussée pavée et deux ponts à Baudement, sur la route de Troyes et de Méry-sur-Seine à Sézanne et à Meaux, dans la traverse de la vallée

de l'Aube, abandonna pour sept ans, à trois entrepreneurs, la jouissance du péage (pedagium) et de la chaîne (cathena), c'est-à-dire des droits dus par les piétons (pedagium), les chevaux, les bestiaux et les voitures (cathena). Ces entrepreneurs s'engagèrent à payer, au chapitre de Saint-Etienne de Troyes, une redevance annuelle de 10 livres et à faire chacune des années du bail un septième de la chaussée. A la fin du bail, la chaussée devait être pavée toute entière et les ponts construits sans autre dépense pour Blanche que la fourniture des la fourniture des gros bois néces

saires pour ces ponts.

A Troyes, le système de la régie était préféré. Le péage dit la chaussée était administré par un prudhomme nommé par le comte, et auquel un règlement de l'année 1270 adjoignit un autre prudhomme élu par les habitants (3648).

Un système analogue fut adopté à Meaux quand, en 1263, la réparation des rues fut entreprise : Thibaut choisit deux prudhommes qui durent recevoir le produit des péages et jurer d'employer bien et loyalement tout cet argent en travaux de voirie ; et non content d'exiger d'eux ce serment, il établit un troisième prudhomme devant qui les deux premiers devaient, tous les mois, rendre compte des fonds versés entre leurs mains (3300).

Ces prudhommes étaient administrateurs et comptables, mais non magistrats. Quand il s'agissait de donner un alignement, on voyait intervenir l'autorité du comte.

Ainsi, en 1251, Jean de Roncenay voulant faire construire un perron sur la façade de sa maison au marché de Troyes, près de Saint-Pantaléon, dut au

préalable prendre l'engagement de supprimer ce perron à la première réquisition de Thibaut V, alors comte de Champagne (2991).

On ne pouvait changer la direction d'un cours d'eau sans l'autorisation du comte.

En 1235 il fallut au prieur d'Herbisse le consentement de Thibaut IV pour détourner dans un canal l'eau de l'Herbissonne et la conduire à son prieuré, où il voulait avoir un moulin (2355). Ce fut Henri III qui, en 1273, autorisa Renier Acorre à faire venir, dans les maisons que ce dernier possédait à Provins, l'eau nécessaire à l'établissement de fontaines (3779); et, pour établir quatre nouvelles fontaines dans cette ville en 1281, les habitants demandèrent et obtinrent le consentement d'Edmond (3852).

Il était de règle que le comte avait le droit de donner aux cours d'eau la direction qu'il jugeait convenable, sauf indemnité pour les propriétaires expropriés. Ce principe est proclamé par une charte de Thibaut V, datée de 1267, où il s'agit du cours de la Seine au-dessous du moulin de Saint-Julien, qui alors appartenait aux Templiers:

<< Nous poons et pourrons faire aler et decourre » l'agout et les eaues qui descendent et descendront >> des escluses et des rives de Seine par dessus les » devant diz molins par les lieux où il semblera à »> nous et à nostre conseil estre plus profitable, par » les dommaiges rendant aux devant diz maistre et » frères et à leurs hommes se aucunes choses es>> toient prinses de leurs biens (3425). »

On se rappelle qu'au siècle précédent, Henri Ier avait créé un des deux grands bras de la Seine qui

arrosent la ville de Troyes (a). Nous ne sachons pas que ses successeurs aient pris en ce genre des mesures d'une aussi grande importance; mais on doit à Thibaut IV le maintien de ce bras de Seine dont le chapitre de Saint-Pierre de Troyes voulait la suppression (1504). En donnant à un corroyeur de Troyes une ruelle située dans cette ville, Thibaut IV réserva droit de passage dans cette ruelle pour ceux qui voudraient, en cas d'incendie, aller puiser de l'eau dans le même bras de Seine (2253). A Provins, il établit un règlement qui faisait, aux religieuses de Sainte-Catherine, défense d'employer l'eau de leur fontaine autrement que comme boisson, afin de diminuer le moins possible la quantité d'eau qui devait rester à l'usage des habitants (2809).

Nous terminerons ici ce chapitre que sans doute on trouvera bien incomplet. Mais les grands travaux étaient alors ceux de la guerre, et l'on s'occupait plus de fortifier les châteaux que de créer ou même d'entretenir des ponts ou des chemins. Un travail exécuté par ordre de Thibaut IV et qui, à Meaux, modifia d'une manière importante le régime des eaux de la Marne (2344, 2345), ne peut prendre place ici, puisqu'il fut tout militaire; nous ne parlerons pas davantage des fossés creusés à Provins, à Troyes ni dans tant d'autres châteaux, autrement nous nous laisserions entraîner dans un ordre d'idées tout autre que celui qui fait l'objet de cette étude.

(a) Voir notre t. III, p. 254-260.

CHAPITRE X.

Monnale.

Quand, dans ce volume, nous avons traduit en monnaies modernes des indications données en monnaies de Provins, nous avons pris pour base de nos évaluations l'identité de la valeur de la monnaie forte de Provins avec celle de la monnaie tournois contemporaine; l'identité est trop bien établie pour avoir besoin de démonstration. Laissant donc de côté la discussion de ce principe, nous allons nous occuper de l'histoire monétaire à un autre point de vue ce sera des types que nous parlerons, ou plutôt que parlera ici pour nous un savant plus autorisé. Nous avons, dans le chapitre correspondant de notre précédent volume, annoncé un travail trèscomplet de notre ami et confrère M. Anatole de Barthélemy sur la monnaie de Champagne. M. de Barthélemy s'est empressé de détacher de ce travail, qui n'est point encore terminé, une intéressante notice dont nous sommes heureux d'offrir la primeur aux lecteurs de notre ouvrage :

Bien que la ville de Troyes fût la capitale féodale du comté de Champagne, la véritable monnaie champenoise a été le denier et l'obole qui, pendant quatre siècles, furent forgés à Provins. Nous com

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