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intrinsèque serait aujourd'hui de 20,263 fr. 82 c. (a), au pouvoir commercial de 101,319 fr. Nous ignorons complètement quelle était l'origine de cette dette. On peut croire que le capital avait été emprunté par la ville pour faire aux fortifications des travaux que l'approche des barons et la menace d'un siége avaient rendus urgents. Peut-être d'autres supposeront-ils que Thibaut avait vendu aux habitants de Troyes les priviléges contenus dans la charte du mois de septembre 1230; mais cette hypothèse nous semble peu vraisemblable. Si ces priviléges avaient été vendus à Troyes, il est grandement probable qu'ils n'auraient pas été donnés gratuitement aux autres communes qui les obtinrent, et les embarras financiers que nous constatons à Troyes n'auraient pas été, comme ils le paraissent, une exception.

Quoi qu'il en soit, Jean de Thourotte et Léon de Sézanne, dont nous avons vu plus haut les noms dans la liste des gouverneurs et dans celle des receveurs de Champagne (b), furent chargés par Thibaut d'aviser aux moyens de délivrer la ville de Troyes d'un si pesant fardeau. D'accord avec le maire, les échevins et le reste des habitants, ils firent un traité avec une compagnie de négociants qui prit l'engagement de verser tous les ans, pendant cinq ans, 5,300 livres, soit en tout 26,500 livres valant

ves historiques de l'Aube, p. 376-377; cf. Catalogue, nos 2192, 2193, 2200, 2222.

(a) Voir le travail de M. de Wailly, intitulé: Mémoire sur les variations de la livre tournois, p. 222.

(b) Voir plus haut, p. 458 et 470.

536,991 fr. au pouvoir de 2,684,955 fr. Mais pendant ce temps, tous les habitants de Troyes devaient payer entre les mains de cette compagnie 4 deniers pour livre de leurs acquisitions mobilières ; la compagnie devait en outre jouir des produits de la justice municipale, de ceux de la prévôté, de ceux des fours et des moulins du comte à Troyes, etc. (2564). Nous ne savons pas si ce traité s'exécuta. L'année suivante Thibaut supprima la commune de Troyes (a), ne laissant plus aux habitants que deux priviléges : ils continuèrent de payer la taille d'après le tarif institué en 1230; de plus, la nouvelle charte décida que

(a) La commune de Troyes avait duré douze ans. Voici les noms de quelques-uns des maires qui l'ont administrée pendant cette période :

Décembre 1231, Girard Mélétaire ou Mellétaire (Archives historiques de l'Aube, p. 181.)

Février 1232, le même (Archives de l'Aube, premier cartulaire de l'Hôtel-Dieu-le-Comte, fo 22).

Décembre 1232, Pierre Legendre (Archives historiques de l'Aube, p. 376).

Août et octobre 1254, Girard Mélétaire (Archives de l'Aube, inventaire de Montier-la-Celle, fo 58 v°, 59 r°; premier cartulaire de l'Hôtel-Dieu-le-Comte, fo 33 ro; cf. Cartulaire de Clairvaux, ELEMOSINE, LXXI.

Septembre 1235, Jacques Garnier (Archives de l'Aube, premier cartulaire de l'Hôtel-Dieu le-Comte, fo 33 ro).

Février 1236, le même (Ibid., fo 32 1o).

1236, Bernard de Montcuq (Archives de la Côte-d'Or, deuxième

cartulaire de Molesme, fo 50 vo).

26 avril 1239, le même (Archives historiques de l'Aube,

182).

p.

181

On se rappelle que Girard Mélétaire et Bernard de Montcuq furent chambellans de Thibaut IV (voir plus haut, p. 508, 509), et Pierre Legendre, bailli de Provins (voir plus haut, p. 480).

cet impôt serait levé par une commission de douze de leurs concitoyens dont le comte se réserva la nomination; elle conserva par conséquent les jurés que la charte de 1230 avait établis; mais ces jurés n'eurent plus de fonctions judiciaires, et la dignité de maire disparut pour des siècles (2626). Le seul débris d'indépendance municipale qui existât à Troyes lors de la réunion à la France paraît avoir été le droit de concourir par des mandataires électifs à l'administration des fonds consacrés à l'entretien des rues et au service du guet. L'emploi de ces fonds devait, aux termes d'une charte de l'année 1270, être confié à deux « prudhommes »> nommés l'un par le comte, l'autre par les habitants (3648). Et malgré cet amoindrissement des libertés locales, les dettes de la ville de Troyes n'étaient point encore entièrement soldées en 1270 (3649).

La commune de Saint-Memmie vers 1243 (2662), celle de Châtillon-sur-Marne en 1246 (2739), eurent le même sort que celle de Troyes.

Au contraire, celle de Bar-sur-Seine fut confirmée en 1267 (3429), et Raoul, maire de la commune de Bar-sur-Seine, figure dans une charte de l'année 1272 (3724); elle devait conserver beaucoup plus tard ses libertés municipales.

Celle de Provins était aussi pleine de vie, quand la Champagne fut réunie à la France. Mais les principes posés en matière d'impôt par la charte de 1230 n'eurent pas dans cette ville la même durée qu'à Troyes. Nous avons déjà fait observer que ces principes constituaient une innovation: aux termes de la charte de 1190, la taille était un impôt de répartition (398). Elle devint, par la charte de 1230, un

impôt de quotité. En 1252, Thibaut IV rétablit l'ancien système, seulement le chiffre de la taille, fixé à 600 livres en 1190, fut alors élevé à 1,600, soit 32,422 fr., au pouvoir de 162,110 fr. Thibaut V supprima l'abonnement et rétablit le tarif de 1230 (3495, 3519). Henri III inaugura un système nouveau: il déchargea complètement les habitants de la taille et remplaça cet impôt direct par un impôt indirect sur les industries de la draperie et de la teinture et sur le commerce de Provins (3781). Nous avons parlé des conséquences de cette mesure et de la révolte qui, en 1280, fit suspendre les priviléges de cette ville; mais cette suspension ne fut que momentanée, et Provins recouvra sa commune en 1281 (a).

Il y a en Champagne peu de communes dont l'histoire nous soit connue d'une manière plus détaillée. Provins doit cet avantage à la conservation du registre si curieux qui est connu sous le nom de Cartulaire de la ville de Provins, et où se trouvent réunis des comptes municipaux dont le plus ancien remonte à l'année 1274, une série d'actes de l'échevinage à partir de l'année 1271, et nombre de chartes importantes émanées des comtes et des gouverneurs de Champagne, des rois de France, des baillis de Meaux, etc.

Nous nous bornerons à renvoyer, pour la plupart des détails, au travail publié par notre savant confrère, M. F. Bourquelot, sous ce titre : Notice sur le manuscrit intitulé Cartulaire de la ville de Provins (b).

(a) Voir plus haut, p. 450-452.

(b) Bibl. de l'Ecole des Chartes, 4e série, t. II, p. 194, 428.

Cependant nous croyons devoir signaler, d'après M. Bourquelot, l'existence à Provins, dès 1281 au plus tard, d'un conseil distinct de l'échevinage et dont les membres portent le nom de jurés employé comme synonyme d'échevin dans la charte de 1230. Les jurés étaient au nombre de quarante en 1313. Nous avons déjà fait observer que la loi de Beaumont institue à côté de l'échevinage un conseil de quarante bourgeois. On se rappelle que les membres de ce conseil, dont le nombre fut réduit à dix par les chartes de Blancheville, Rochefort et Florent, portaient dans ces trois localités le nom de jurés, par opposition au titre d'échevin. La charte donnée en 1207 à La Neuville-aux-Larris, par Blanche de Navarre et par l'abbé de Sauve-Majeure, distingue aussi les jurés des échevins ou juges municipaux (670 bis). Ainsi, l'institution du conseil des quarante jurés que certains documents nous montrent à Provins en regard de l'échevinage était dans cette ville l'imitation d'un mode d'organisation municipale adopté déjà dans d'autres parties de notre pro

vince.

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