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comtes, et pour en garantir à ces derniers l'usage contre leurs ennemis, on ne s'étonnera pas si, à plusieurs reprises, on voit les princes champenois encourager par des subventions ceux de leurs vassaux qui font construire ou mieux fortifier des châteaux ou des maisons-fortes. Ainsi, Blanche donna 200 livres à Simon de Passavant pour fortifier Montreuil (706); autant à Jean du Thoult pour fortifier Herbigny (1093). Thibaut IV accorda un secours de 100 livres à Renier de Nogent-le-Roi pour l'aider dans la construction d'une forteresse à Ageville (1572), et la même somme à Geofroi, seigneur de Bourlémont, qui voulait réparer ou augmenter les fortifications du château de ce nom (2915).

Ces propriétaires de forteresses et les autres membres de la noblesse ne constituaient pas à eux seuls l'armée de nos comtes. Le service de guerre était une charge imposée d'une manière générale aux vassaux roturiers (a). Il paraît même que de droit commun les étrangers résidant en Champagne

(a) Voir notre tome III, p. 210; voir aussi dans notre Catalogue, les nos 1494, 1733, 1976, etc., par lesquels des sujets roturiers de Thibaut IV sont exemptés du service de guerre (les nos 500, 1321, 1565, 1658, 1754, 2276, 2414, 2518, concernent entre autres choses le service de guerre dû à nos comtes par les habitants de diverses localités de Champagne); voir enfin les chartes de commune dont il sera question dans le chapitre suivant. Nous mentionnerons aussi l'Histoire des milices bourgeoises en France depuis le XIe siècle jusqu'au milieu du xve, par Jean Yanoski, dans les Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres, 2e série, t. IV, 2e partie, p. 1-105.

y étaient assujettis, car plusieurs d'entre eux s'en firent accorder la dispense (a).

Nous ignorons à quel âge les vassaux roturiers pouvaient être appelés à l'armée ; il est fort probable qu'on était en droit de les contraindre à prendre les armes dès qu'ils avaient atteint leur majorité, c'està-dire leur quinzième année.

Plusieurs charles de commune fixent à soixante ans l'âge auquel le service de guerre cessait d'être obligatoire; une en dispense les maris des femmes nouvellement accouchées (1747). Elles admettent, en certains cas, le remplacement militaire. Ainsi, pendant le temps des foires, les marchands et les changeurs qui s'y trouvaient occupés pouvaient envoyer un suppléant, et quand les hommes de soixante ans et au-delà étaient assez riches pour en payer un, l'exemption du service ne leur était accor dée qu'à la condition de le fournir. Chacun était obligé de se procurer ses armes à ses frais. Des règlements imposaient dans plusieurs villes à tout bourgeois propriétaire d'un capital de 20 livres ou plus l'obligation d'avoir toujours chez lui une arbalète et cinquante quarreaux (b). En 1236, les hommes de Villeloup, convoqués pour faire la guerre à saint Louis, durent apporter avec eux, outre leurs armes, des vivres pour deux mois (2414); d'autres ne se nourrissaient qu'un jour à leurs frais

(a) Voir notre Catalogue, nos 1499, 1500, 1911, 2002, 2008, 2027, 2111, 2528.

(b) Ces dispositions se trouvent dans la charte de Troyes et dans les semblables.

(670 bis). Aussi, en 1218, nous voyons le prévôt de Nogent-sur-Seine envoyer, au compte de Blanche de Navarre, des vivres à l'armée de Vassy (a). Dans tous les cas, les soldats cherchaient dans le pillage un dédommagement aux pertes que leur faisait subir cette onéreuse obligation du service de guerre. Le butin était considéré comme la propriété de celui entre les mains de qui il tombait, et si le chef de l'armée le faisait rendre, il devait une indemnité à l'homme qui s'en était emparé sur l'ennemi (b).

Le service était dû pendant toute la durée de l'expédition pour laquelle on était convoqué (2414), sauf les exceptions résultant de certains priviléges locaux ainsi les habitants de quelques villages avaient le droit de rentrer chez eux le lendemain de leur départ (595, 2769), d'autres au bout de huit jours (2552).

Quelques-uns ne pouvaient être contraints à passer la Marne (523, 694).

Les habitants de Saint-Julien-sur-Rognon ne devaient prendre part qu'aux expéditions faites, soit pour la défense du pays, soit pour recouvrer du butin (2552).

Quand le comte de Champagne voulait mener les habitants de Blancheville (Haute-Marne) dans la direction de Bar-sur-Aube, Vassy ou Sainte-Menehould, il ne pouvait exiger d'eux qu'une journée de marche; mais dans la direction de Bourgogne, de

(a) Bourquelot, Fragments de comptes du XIIIe siècle, dans la Bibliothèque de l'école des chartes, 5e série, IV, 64. (b) Bourquelot, ibid.

Lorraine ou d'Allemagne, il avait le droit de les conduire aussi loin qu'il jugeait à propos seulement alors il devait les nourrir (a).

Le comte pouvait exiger que les habitants de la Neuville-aux-Larris l'accompagnassent non seulement à la guerre, mais même à un tournois, dans le cas où un des joûteurs aurait menacé de l'enfermer dans une forteresse ou de dévaster sa terre. (670 bis).

Les roturiers combattaient la plupart à pied, quelques-uns à cheval. Parmi ces derniers était Jean d'Aunoy, près de Coulommiers, contemporain du comte Thibaut V (b). Jean et les vassaux de sa classe étaient obligés de fournir leur cheval à leurs frais; mais quand le comte frappait de réquisition les chevaux de ses autres vassaux roturiers, il leur devait une indemnité qu'une charte de l'année 1242 (2626) fixe à huit deniers par jour et par cheval (c), non compris la nourriture. En outre, quand on ne ramenait pas les chevaux, le prix était dû aux propriétaires. Ces chevaux, enlevés de force bien que loués, servaient habituellement à conduire des chariots, tels que celui où Gilles de Saint-Jean ful emmené prisonnier en 1218 (d), ou ceux qui furent employés plus tard à conduire des bagages dans

(a) Charte de Blancheville dans Jolibois, La Haute-Marne, p. 64. (b) Voir notre tome II, p. XLVI, art. 558. (c) 66 centimes au pouvoir de 3 f. 30 c. (d) Voir plus haut, p. 163.

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de Luxenil, 1258 (4), et dans celle d'Ara

Une autre charge imposée aux vassaux roturiers, était de travailler aux fortifications du château cheflieu de la châtellenie dont leur village faisait partie. En 1235, Thibaut IV déclara exempts des corvées de cette nature les hommes de l'abbaye de Montierla-Celle et de l'abbaye de Notre-Dame-aux-Nonnains qui habitaient la châtellenie de Méry-sur-Seine (2362-2364) (c). Une charte fixe la durée de ces corvées à une semaine par an (523). Souvent le comte remplaçait la prestation en nature par une imposition (2063, 2136, 2294); alors les travaux étaient confiés à un entrepreneur. Ce fut ainsi qu'Etienne de Villefranche se chargea de faire creuser, au prix de 30 sous la toise, les fossés du château de Lachy (2777).

Quand, pour faire exécuter des travaux neufs, le comte était obligé de s'emparer d'immeubles qui ne lui appartenaient pas, il indemnisait les propriétaires expropriés. Ainsi, en 1219, nous voyons figurer dans un compte une somme de 60 sous pour deux maisons détruites qui cédaient la place à des fortifications (d). En 1227, le curé de Montereau, à

(a) Voir plus haut, p. 390, et Bourquelot. Fragments de comptes du XIIIe siècle, dans la Bibliothèque de l'école des chartes, 5o série, IV, 70, 73.

(b) Voir plus haut, p. 549.

(c) Voir aussi dans notre Catalogue le n° 1040, concernant IsleAumont.

(d) Bourquelot, Fragments de comptes au XIIIe siècle, dans la Bibliothèque de l'école des chartes, 5e série, tome IV, p. 65.

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