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les représentants de la première. Innocent III et Honorius III ne restèrent pas sourds aux plaintes de Blanche de Navarre contre les évêques des provinces de Reims et de Sens, et instituèrent des tribunaux ecclésiastiques pour la protéger contre les envahissement de ces prélats (a).

Grégoire X, sur la demande d'Henri III, rendit une bulle pour défendre de porter devant la justice ecclésiastique les procès agités entre séculiers au sujet de biens féodaux qui ne relevaient pas de seigneurs ecclésiastiques (3718) (b).

Innocent III invita plusieurs évêques de Champagne à lancer moins légèrement des sentences d'excommunication contre les sujets de Blanche de Navarre, des sentences d'interdit contre les villes et les villages de ses Etats (753).

Honorius III cassa une sentence d'excommunication prononcée contre Blanche de Navarre, par l'abbé de Saint-Denis (1171). Innocent III et Honorius écoutèrent les réclamations de Blanche contre l'abus des priviléges accordés aux croisés, qui, placés en conséquence de leur vœu sous la protection de l'Eglise, demandaient aux tribunaux ecclésiastiques la réparation des injustices, vraies ou supposées, dont ils prétendaient avoir à se plaindre. Ces papes

(a) Catalogue, nos 880, 884, 1037, 1180.

(b) Voir dans les Décrétales de Grégoire IX, livre II, titre II, chap. 6, une décision analogue d'Alexandre III, rendue au sujet d'un procès féodal dont la décision appartenait au seigneur de Chappes, et que l'évêque de Troyes prétendait juger; voir aussi la bulle d'Innocent III, cataloguée sous le n° 901.

déléguèrent à divers prélats le soin de faire respecter les droits violés de la comtesse (825, 1041, 1202).

Quand Pierre Goin, chambrier de Thibaut IV, s'étant approprié les fonds que ce prince lui avait confiés, se retira à Clairvaux avec une partie de cet argent, Grégoire IX, sur la plainte de notre comte, envoya aux moines de l'abbaye cistercienne l'ordre de restituer au vrai propriétaire la somme qui était arrivée entre leurs mains d'une manière si peu régulière (2262).

Plus tard, Innocent IV vint en aide au même prince dans une circonstance où il s'agissait d'un intérêt civil, et où Thibaut IV, malgré l'évidence de son droit, fut obligé de recourir à la juridiction ecclésiastique. Thibaut avait accordé à un grand nombre de ses sujets roturiers l'exemption personnelle de la plupart des charges auxquelles ils étaient soumis, telles que la taille et le service militaire, et y avait mis pour condition le paiement d'une redevance annuelle (a), plus quelquefois l'obligation de faire certains services. Mais pour échapper à ces charges nouvelles, quelques-uns de ceux qui en étaient grevés allèrent s'établir hors de Champagne, dans des seigneuries dont les propriétaires leur imposèrent des charges moindres et refusèrent d'accorder à notre comte leur extradition; Thibaut s'adressa au pape, prétextant que ces hommes avaient juré de lui payer la redevance qui était l'objet du litige (2770). Innocent IV écouta favorablement cette réclamation, et chargea l'abbé de Moiremont

(a) Voir notre Catalogue, nos 1519, 1596, 1599.

de contraindre, par l'emploi des censures ecclésiastiques, les fugitifs à exécuter leur serment (2854).

Ces services multipliés autorisèrent les papes à en demander à leur tour.

Grégoire IX, Innocent IV, Urbain IV, Clément IV envoyèrent à nos comtes des lettres de recommandation pour diverses personnes, telles que le fameux légat Romain de Saint-Ange (1841); un négociant romain qui venait commercer en France (2277); le sous-diacre Vivien (2431), chantre de Toulouse(2387), celui sans doute qui devint plus tard évêque de Calahorra (a); l'évêque de Maroc (2437); les marchands de Florence, qui faisaient le commerce en Champagne (2440); le procureur envoyé dans ce pays par un prévôt de Chablis, qui était chapelain d'Innocent IV (2754); le cardinal Pierre de Saint-Georges in Velabro (2779) (b); Félice, parent d'Urbain IV et nommé par ce pape à l'abbaye de Montier-la-Celle (3272); Andenagogue, chapelain de Clément IV et élevé par ce dernier à l'évêché de Pampelune (3472).

Nous avons encore plusieurs bulles adressées aux comtes de Champagne pour les prier de prendre les intérêts.de divers établissements religieux ou corporations, comme l'ordre du Temple (1806), le prieuré de Gaye (1968), l'abbaye de Vézelay (2270), l'abbaye de Sainte-Grâce de Pampelune (2388, 2761), les Franciscains de Navarre (2763), le chapitre de Saint-Urbain de Troyes (3376).

(a) Voir plus haut, pages 528-529.

(b) Pierre avait été fait cardinal par Honorius III en 1216.

On sera étonné de trouver parmi les personnes recommandées à nos comtes par les papes les juifs de Champagne qui, ayant fait parvenir leurs doléances jusqu'au trône du successeur de saint Pierre, obtinrent une bulle adressée à Thibaut IV pour l'inviter à faire payer par les chrétiens les sommes dues aux juifs, et à empêcher les chrétiens de donner aux juifs des coups au lieu d'argent, 1247 (2799). Une bulle de l'année précédente avait eu pour objet d'appeler la sollicitude de Thibaut sur les intérêts des juifs de Navarre, et l'avait prié d'intervenir pour empêcher qu'on ne baptisât de force leurs enfants (2762). Rappelons, toutefois, qu'Innocent III avait écrit à Blanche de Navarre pour l'inviter à réprimer l'insolence des juifs (620). Cette lettre et une lettre semblable adressée en même temps à Philippe-Auguste ont peut-être provoqué la fameuse ordonnance qui défendit aux juifs de prendre plus de deux deniers par livre d'intérêt hebdomadaire, c'est-à-dire plus de 43 fr. 45 c. pour 100 d'intérêt annuel.

L'autorité pontificale était le pouvoir suprême auquel recouraient dans le monde chrétien tous ceux qui avaient à se plaindre d'une injustice, et qui avaient fait inutilement appel, dans leur pays, à l'équité du pouvoir. En Navarre, un musulman converti avait été jeté en prison et dépouillé de ses biens on l'accusait d'être retourné à sa première erreur. Ayant recouvré sa liberté, il se rendit à Rome avec trois de ses fils, et y mourut après avoir imploré la miséricorde du pape. Celui-ci invita Thibaut V à faire rendre les biens confisqués (3391). Ce fut aussi au pape et non au roi que le comte de Rethel demanda justice d'un abus de pouvoir com

mis par Jean de Thourotte, gouverneur de Champagne, lieutenant de Thibaut IV. Jean de Thourotte, gendre du comte de Rethel, mais brouillé avec lui et voulant se séparer de sa femme, avait profité de la haute position qu'il devait à la faveur de Thibaut pour enlever à son beau-père le château de Beaufort; et le comte de Rethel, n'osant compter sur l'impartialité de Thibaut, pria Innocent IV d'intervenir auprès de ce prince, ce qu'il obtint (2887).

C'était alors, en effet, une bien grande puissance que celle de la papauté : puissance terrible en même temps que miséricordieuse; elle poursuivait à outrance les Albigeois, dirigeait contre eux des armées; et pour empêcher la contagion de l'hérésie, Grégoire IX enjoignait à Thibaut IV de les exclure des foires de Champagne (1803). Peu de temps après, ému de la rigueur exagérée des peines édictées par saint Louis contre les blasphémateurs, un autre pape priait Thibaut V de se faire, près du monarque français, l'avocat de la clémence (3490).

Les papes, dans leur correspondance avec nos comtes, prirent plus d'une fois le ton d'un maître. Ainsi Honorjus III, sur la réclamation de l'évêque de Troyes Hervé, invita Blanche de Navarre et Thibaut IV à témoigner plus de respect à ce prélat (1235). A la demande des Templiers, il fit enjoindre à Blanche de Navarre d'exiger la soumission de son prévôt de Chaumont, qui, excommunié pour sa résistance aux ordres de l'Eglise, persistait à rester dans cet état de révolte contre la puissance religieuse (1322). Il menaça la même comtesse de la faire excommunier elle-même si elle ne remboursait pas une somme prêtée par un banquier romain au

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