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s'entourer exclusivement de barons. Donnons d'abord quelques exemples empruntés à des documents qui ont un caractère exclusivement judiciaire; puis nous passerons aux documents purement administratifs.

1o. En 1184, Marie rend un jugement entre l'abbaye de Saint-Loup et Robert, maire d'Isle. Etaient présents: Gilles des Tournelles, le chambrier Artaud, Milon de Provins, Thibaut Révélard et Milon de Bray ou de Ternantis (337). On sait l'histoire du chambrier Artaud, qui était fort riche, mais né roturier (a). Aucun des autres n'avait une position féodale importante ni Milon de Provins, ni Thibaut Révélard, ni Milon de Bray, anciens conseillers d'Henri Ier, conservés par sa veuve (b), ni Gilles des Tournelles, qui paraît avoir été un des principaux favoris de la comtesse Marie (c).

2o. En 1186, la cour de Marie prescrit une enquête au sujet d'une contestation entre cette princesse et le comte de Nevers. Quatre personnes sont

sous le no 1935, et Li drois et li coustumes de Champaingne et de Brie, § 49.

(a) T. III, p. 126-128.

(b) Nous avons déjà parlé des deux Milon de Provins, l'un maréchal, l'autre chambrier, voir plus haut, p. 502; sur Thibaut Révélard, voir notre tome III, p. 149, et sur Milon de Bray, le même tome, p. 146.

(c) Il est témoin dans les neuf chartes de cette princesse, qui portent les no suivants : 329, 335, 336, 337, 340, 344, 345, 346, 347, et dans les deux chartes d'Henri II, numérotées 358, 363. Le plus ancien de ces documents date de 1183; le plus récent de 1187; cf. Catal. des actes de Philippe-Auguste, no 46.

:

chargées de cette enquête; il y a dans le nombre deux barons Dreux de Mello et Pierre de Touquin (a), et deux conseillers de Marie, qui ne sont barons ni l'un ni l'autre; savoir: Gilles des Tournelles et Milon de Provins dont venons déjà de voir les noms

(350).

3°. En 1215, Blanche de Navarre ayant à rendre une sentence arbitrale, juge sur le rapport de six conseillers, dont cinq seulement sont des barons; ce sont Gaucher de Châtillon, comte de Saint-Pol, bouteiller; Robert de Milly, chambellan; Garnier de Trainel; Oger de Saint - Chéron, et Baudouin de Reims (b); le sixième est le bailli Raoul des Ponts (956) (c).

4°. En 1229, un procès entre l'abbaye de Montier-en-Argonne et Anseau de Possesse est jugé par la cour de Thibaut IV, sur le rapport de deux conseillers : l'un appartient au baronnage, c'est Hugues, châtelain de Vitry (d); l'autre est le chambrier Lambert Bouchu (1935).

(a) Pierre de Touquin figure dans la liste des chevaliers bannerets de Champagne sous Philippe-Auguste (Duchesne, Scriptores, V, 267, col. 1 B). Dreux de Mello est sans doute le connétable de France. La maison de Mello tint des comtes de Champagne une rente d'argent et quelques fiefs (2633, 2847, 2848).

(b) Robert de Milly, Garnier de Traînel, Oger de Saint-Chéron et Baudouin de Reims, figurent dans la liste des chevaliers bannerets du temps de Philippe-Auguste, les premiers parmi les chevaliers de Champagne, le dernier parmi ceux de Coucy. (Duchesne, Scriptores, V, 266, 267.) Baudouin était aussi vassal de Champagne, Catalogue, nos 1023, 1451, 2172.

(e) Voir plus haut, p. 474.

(d) Sur l'importante position des châtelains de Vitry, voir Brussel, p. 715-717.

5o. En 1236, un jugement rendu par la cour de Thibaut IV, entre les Templiers et le doyen de SaintEtienne de Troyes, est notifié par deux des conseillers qui y ont pris part (2432); ce sont : Guillaume de Villy ou de Villehardouin, maréchal de Champagne, et Henri des Bordes. La famille du premier avait pénétré dans les rangs du baronnage champenois grâce au mérite de Geofroi de Villehardouin, son père; mais Henri des Bordes, quoique chevalier dès 1223 (1534), était un homme nouveau. Il paraît avoir dû la faveur de Blanche de Navarre et de Thibaut IV à des services qu'il leur aurait rendus pendant leurs guerres contre Erard de Brienne, et qui lui obtinrent d'importantes récompenses (1259, 1284); mais, bien qu'à leur service dès 1219 (a), en 1228 il cherchait encore à s'enrichir par un moyen que l'aristocratie féodale n'aurait pas avoué : car il faisait partie d'une compagnie de marchands qui exploitaient les bois de Garnier de Traînel (1835). Ces opérations commerciales ne l'empêchaient pas de continuer à s'attirer par son zèle les bienfaits du comte (2003, 2292) et d'être employé par ce prince : il fut, en 1234, arbitre entre lui et l'abbaye de SaintJacques de Provins (2119), et fit partie, en 1234, du conseil qui administra la Champagne pendant l'absence de Thibaut IV (2314).

6o. En 1267, une condamnation prononcée par la cour de Thibaut V contre Henri, comte de Grand

(a) Bourquelot, Frugments de comptes du XIIIe siècle, dans la Bibliothèque de l'Ecole des chartes, 5e série, IV, 62; en 1223, nous voyons Henri des Bordes faire un paiement pour Thibaut IV (1534).

pré (3406), a pour conséquence une enquête prescrite par Thibaut, et les conseillers de ce prince qui en sont chargés sont deux chevaliers Erard, seigneur de Jaucourt, et Lambert de Jaucourt; et deux clercs Henri Tuebeuf et Adam des Grès (a); un seul des quatre était baron, c'était le seigneur de Jaucourt (3467) (b).

7.-8°. Deux jugements du tribunal suprême de Champagne, en 1270, donnent les noms des plus importants des personnages qui les ont rendus (c). On y reconnaît plusieurs barons; tels que le comte de Roucy, les seigneurs de Chappes et de Jully-leChâtel; mais dans le nombre on remarque Pierre de la Malmaison, bailli de Vitry (d).

9°. Dans un jugement du 1er février 1276, nous trouvons la liste complète des juges qui, ce jour-là, siégèrent dans la cour suprême de Champagne. Ils étaient dix-huit; deux barons : c'est-à-dire Hugues de Conflans, maréchal, et Jean de Joinville, sénéchal; deux abbés: ceux d'Hautvilliers et de Montiéramey; cinq clercs; quatre chevaliers de second ordre, dont le garde des foires Guillaume de Villercel; le roturier Chrétien l'Ours, et les quatre baillis (3830).

10°. Un jugement rendu en 1278 par le gouver

(a) Sur Henri Tuebeuf et Adam des Grès, voir plus haut, p. 540-542.

(b) Sur Erard, seigneur de Jaucourt, voir notre tome II, p. XLVI, art. 563, et le Catalogue, no 3630.

(c) Li drois et li coustumes de Champaingne et de Brie, § XIX,

XXII.

(d) Sur Pierre de la Malmaison, voir plus haut, p. 484.

neur Jean d'Acre, nous montre siégeant à côté du seigneur de Broye, c'est-à-dire de l'un des principaux barons de Champagne, Florent de Royes, qui paraît avoir été simplement un légiste (a), le chancelier Vincent de Pierre-Châtel et trois baillis : Guillaume du Châtelet, alors bailli de Sézanne, depuis de Chaumont, et enfin de Troyes; Hugues de Chaumont, qui fut deux fois bailli de Vitry, et Guillaume de Puvillain, dont nous ne connaissons pas le ressort (3849) (b).

11.-12°. Enfin, parmi les juges qui, vers le commencement du gouvernement de Jean de Joinville, rendirent deux arrêts considérés comme notables, on remarque à côté de barons comme les seigneurs de Jully, de Chappes et d'Arzilières, deux baillis déjà nommés: Pierre de la Malmaison et Guillaume du Châtelet (c).

Ainsi, quand le conseil des comtes de Champagne faisait fonctions de tribunal, les deux éléments que nous avons distingués en commençant, le baronnage, les employés amovibles et salariés, y étaient ordinai

(a) Le nom de Florent de Roye est un de ceux qu'on trouve le plus souvent dans Li drois et li coustumes de Champaingne et de Brie. Voir les § XIII, xxxIII, LIII, LVI, LXI, de ce coutumier. Il est aussi question de lui dans notre tome II, p. LXXIV, art. 167.

(b) Sur le chancelier Vincent de Pierre Châtel, voir plus haut, p. 529; sur Guillaume du Châtelet, voir plus haut, p. 485, note b, et dans nos Etudes sur les documents antérieurs à 1285, conservés dans les archives de quatre petits hôpitaux de Troyes, p. 2627, une charte de 1284, donnée par lui en qualité de bailli de Troyes, sur Hugues de Chaumont, voir plus haut, p. 485, note c. (c) Li drois et li coustumes de Champaingne et de Brie, § VII

et XXIV.

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