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Les finances de la Champagne paraissent avoir été administrées par les chambriers du comte jusque vers le milieu du XIIIe siècle. Thibaut IV fut l'auteur de l'innovation qui substitua des receveurs à ces officiers. De 1240 à 1285, nous comptons dix personnages investis de ces fonctions nouvelles; mais il y en a deux sur lesquels nous appellerons tout d'abord l'attention du lecteur; ce sont : Jean, doyen de Saint-Quiriace, qui fut receveur de Champagne pendant vingt ans, de 1240 à 1260, et Renier Acorre, qui eut le même emploi sous le règne d'Henri III, le conserva probablement sous Edmond, et que des documents d'une incontestable autorité nous montrent administrant les finances de la Champagne pendant les premières années du règne de Philippe le Bel.

Nous croyons reconnaître le futur doyen de SaintQuiriace de Provins dans une charte de l'année 1229, où nous voyons Thibaut IV donner « à son cher » clerc, maître Jean de Provins, » dix arpents de pré non loin de Nogent-sur-Seine (2016). C'est en juin 1240 que nous trouvons Jean en fonctions pour la première fois : il fait un paiement pour Thibaut (2550). Depuis cette époque jusqu'en avril 1260 nous le voyons figurer dans dix-huit actes qui constatent, soit le paiement fait par lui au nom de Thibaut IV de dettes antérieurement existantes, soit des acquisitions effectuées par lui au nom de ce prince et de Thibaut V, et quelquefois suivies de paiement

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immédiat par ses mains (a). Un des cartulaires de Champagne nous a conservé une des lettres administratives reçues par ce comptable; c'est une dépêche par laquelle il est prévenu qu'un prévôt a pris, au nom de Thibaut IV, possession d'une maison qui vient d'être réunie au domaine des comtes de Champagne (2817). Jean eut le sort commun des financiers du moyen-âge; Thibaut V se brouilla avec lui et s'empara de ses biens par la raison, fondée ou non, que le doyen de Saint-Quiriace était son débiteur, c'est-à-dire, sans doute, avait détourné les fonds dont il avait le maniement (3262).

Renier Acorre, Accorre, L'Acorre, L'Acourre ou mieux Accurri, était un Florentin (3710) attiré en Champagne par le mouvement commercial des foires, et qui commença par établir une banque à Provins (3723, 3752). En 1259, il lui était dû 396 livres par le comte de Champagne, et cette somme lui fut payée à la foire de Bar, entre les mains d'un tiers auquel il avait délégué cette créance (b). En 1260 il possédait une maison à Provins. La même année, Pierre des Barres, chevalier, qui lui devait 20 livres tournois de rente et à qui Thibaut V devait une rente de pareille somme, lui donna cette rente en paiement (3222). En 1267, Renier était créancier d'Henri, comte de Grandpré, auquel il avait avancé 1,700 livres, et comme il devait la même somme

(a) Catalogue, nos 2655, 2659, 2663, 2664, 2679, 2687, 2696, 2891, 2894, 2936, 2979, 2990, 2993, 2996, 2997, 3055, 3189.

(b) Fragments de comptes du XIIIe siècle, publiés par M. Bourquelot, dans la Bibl. de l'Ecole des chartes, 5e série, IV, 71.

au comte de Champagne, il lui transporta par manière de paiement sa créance sur le comte de Grandpré (3445, 3477). L'année suivante, Henri, comte de Ramerupt, aussi débiteur de Renier, lui engageait pour deux ans ses revenus de Ramerupt (3478). En 1269, Renier, déjà propriétaire important, fait un échange d'immeubles avec Thibaut V, qui acquiert de lui la motte du donjon de Montereau (3541). En 1270, ce prince voulant acquérir les immeubles nécessaires pour la construction du monastère des frères Prêcheurs de Provins, donna ses pouvoirs à cet effet au maître de l'Hôtel-Dieu de cette ville et à Renier Acorre (3658). Renier paraît avoir débuté dans la carrière administrative par l'exécution de ce mandat. C'est au commencement du règne d'Henri III, c'est-à-dire en avril 1271, que nous le voyons pour la première fois en fonctions comme receveur de Champagne (3675). De cette date au mois d'avril 1274, nous avons relevé vingtsix chartes relatives à son administration. Ce sont pour la plupart des actes d'achats de rentes ou d'immeubles (a). Sous le règne d'Edmond, 1275-1284, nous n'avons aucun document qui établisse que Renier conservât son emploi; mais les comptes de la terre de Champagne pendant les premiers mois de l'année 1285 (b) et pendant les derniers mois de l'année

(a) Catalogue, nos 3678, 3682, 3685, 3690, 3691, 3693, 3694, 3699, 3704, 3707, 3710, 3721, 3722, 3723, 3724, 3727, 3752, 3752, 3758, 3784, 3785, 3790, 3794, 3795, 3796, 3797.

(b) De nombreux extraits de ce compte ont été publiés dans notre tome II, p. LXIII-LXXXVI.

1287 (a) sont rendus par lui. Aux fonctions de receveur il joignit, à partir de 1273, la charge de chambellan, dont il jouit sous Henri III, sous Blanche d'Artois et sous Edmond (b). Thibaut IV et Henri III lui témoignèrent leur bienveillance par des libéralités importantes, car ils lui donnèrent l'un 50 livres de rente perpétuelle (3666), l'autre une rente viagère de 300 livres, en échange de laquelle Renier obtint plus tard deux bois dans la forêt de Sourdun et une somme de 1,240 livres (3783); mais finalement il ne fut pas plus heureux que Jean, doyen de Saint-Quiriace. Après avoir, pendant les premières années du roi Philippe le Bel, conservé son emploi, possédé même alors la charge de pannetier de France (c), il tomba dans la disgrâce de ce prince, et en 1293 ses biens confisqués étaient vendus au plus offrant (d).

Le doyen de Saint-Quiriace et Renier se virent

(a) Ce compte, qui se trouve à la Bibliothèque Impériale dans le tome IX des Mélanges de Clérembault, a été amplement analysé par M. André Lefèvre dans son mémoire intitulé: les Finances de la Champagne au XIII et au XIVe siècle, publié dans la Bibliothèque de l'Ecole des chartes, 4° série, tomes IV et V.

(b) Catalogue, nos 3779, 3783, 3797, 3807, 3826, 3828, 3834, 3838, 3840.

(c) Il est qualifié de pannetier du roi dans une quittance émanée de Jean de Turno, trésorier du Temple, et donnée à Paris le 21 juillet 1285. (Bibl. Imp., Coll. de Champagne, t. 136, p. 355.)

(d) Voir dans la Collection de Champagne, tome 136, p. 278, une charte datée du dimanche après la Saint-Barnabé 1293, et par laquelle Léobin, clerc du roi de France, vend au chapitre de NotreDame du Val-de-Provins, une partie de la dîme de Villiers-SaintGeorges, faisant partie des biens confisqués sur Renier Acorre.

associer successivement tous deux plusieurs collègues. Il semble avoir été de règle, sous Thibaut IV, Thibaut V et Henri III, qu'il se trouvât toujours au moins deux receveurs en fonctions, l'un ecclésiastique et l'autre laïc; ainsi le doyen de Saint-Quiriace eut toujours un ou plusieurs collègues laïcs, et Renier Acorre un collègue ecclésiastique. Les deux receveurs agissaient ordinairement ensemble, et par conséquent la plupart des quittances données par eux et des actes qui constatent les acquisitions qu'ils ont faites portent deux suscriptions et sont revêtus de deux sceaux. Cette formalité était sans doute une condition de validité. La suscription du receveur ecclésiastique était placée la première.

Jean, doyen de Saint-Quiriace, eut les cinq collègues suivants :

Evrard de Besançon, 1243-1244 (2655, 2683). C'est le 16 décembre 1228 que nous rencontrons Evrard pour la première fois; il faisait alors déjà partie de l'entourage de Thibaut IV (1880). L'année suivante, il était chambellan de ce prince (1939); il exerçait encore cette fonction en 1244 (2683), et nous avons une charte de l'anné 1246 où notre comte lui donne le titre alors inusité de chambrier (2759).

Robert d'Aulnay, chambellan de Thibaut IV, comme le précédent. Il fit comme lui fonctions de receveur en 1243 et en 1244 (a); il figure dans quatre actes avec le doyen de Saint-Quiriace (b),

(a) Catalogue, nos 2659, 2660, 2679, 2683, 2687. (b) Catalogue, nos 2659, 2660, 2679, 2687.

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