Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

les commandements de Madrid, où on avait proclamé roi Philippe d'Anjou, sous le nom de Philippe V. Louis XIV venait d'obtenir, par l'effet seul d'une négociation, la gloire d'envoyer librement ses armées en Italie, pour y soutenir les intérêts de son petit-fils. Louis commença par déployer tout l'appareil de sa puissance. Le nouveau roi d'Espagne fut d'abord reconnu par l'Angleterre, la Hollande, les électeurs de Cologne et de Bavière, le pape, les ducs de Savoie et de Mantoue, la république de Gênes et le roi de Portugal. La république de Venise fut une des premières à adresser des félicitations. Mais immédiatement après ces divers actes de reconnaissance, le roi d'Angleterre, les ÉtatsGénéraux et le roi de Danemark signèrent une ligue, par laquelle ils se déclarèrent en faveur de l'empereur Léopold, qui avait déja dans son parti, le roi de Pologne, et le récent roi de Prusse, Frédéric Ir, fils de Frédéric Guillaume, dit le grand électeur, qui, du rang d'électeur de Brandebourg, avait été élevé par l'empereur à la dignité royale, à condition qu'il embrasserait le parti impérial. Les premières hostilités éclatérent en Italie.

Milan et Naples changeaient de domination: c'était pour recevoir un autre maître étranger. Le prince de Lorraine, Vaudemont, gouverneur pour l'Espagne du duché de Milan, ayant été maintenu dans ce titre par Philippe V, fit reconnaître en Lombardie l'autorité de ce prince: les magistrats municipaux de Milan, derniers débris de l'organisation des Visconti et des Sforza, et qu'on appelait encore les decurions, prêtèrent serment de fidélité au prince français. Le duc de Médina-Ĉéli, vice - roi de Naples, exhorta également les peuples de ces contrées à obéir au testament de Charles II; toutes les villes se soumirent depuis Fondi jusqu'à Brindes (voy. pl. 76) (*), et le duc de Veraguas,

(*) Cette planche 76 représente Brindes, très-ancienne ville, où l'on se rappelle que César bloqua Pompée. Elle est encore cé

vice - roi de Sicile, imita cet exemple. La Sardaigne suivit le même mouvement. Les Indes, quelque temps immobiles, envoyèrent enfin complimenter le roi Philippe. Il ne s'agissait plus pour les Français d'attaquer Milan et Naples; l'habileté avait plus fait que les armes; il fallait seulement prendre possession de ces villes, au nom de Philippe, et y renforcer les garnisons espagnoles, affaiblies par les suites naturelles d'une mauvaise administration. Quelques lignes signées par Charles II gagnaient cette immense bataille. Le tronçon d'épée remis à Pavie retombait au pouvoir de la France. Mais Vienne devait résister avec constance. Venise qui, en félicitant la cour de Versailles, avait déclaré sa neutralité, voyait d'un côté, sur les bords du lac de Garda, une armée de soixante mille Français commandés par le maréchal d Catinat, sous le duc de Savoie, et de l'autre, le prince Eugène qui descendait des montagnes de Trente, à la tête des Impériaux, pour défendre la cause de l'archiduc Charles, second fils de l'empereur Léopold, qu'il présentait comme compétiteur de Philippe V.

[merged small][ocr errors][merged small]

Pendant que l'on préparait des marches, des siéges et des batailles, il se passait à Rome un événement dont nous devons rendre compte, parce qu'il vint renouveler en quelque sorte et constater, à la face de l'Europe, les droits que les précédents rois d'Espagne reconnaissaient dans les pontifes.

lèbre par le voyage d'Horace (sat. V du livre Ier). Il dit, dans le dernier vers,

Brundusium longe finis chartæque viæque.

Les Français ont occupé Brindes pendant la dernière guerre, et ils y ont fait des travaux utiles. C'est par cette ville qu'ils entretenaient des communications rapides avec Corfou.

Le cardinal de Janson, ministre de France, et le duc d'Uzéda, ambassadeur du roi catholique Philippe V, demandèrent au pape qu'il donnât à ce prince l'investiture des royaumes de Sicile. On a vu les conditions de la première investiture signées entre Clément IV et Charles d'Anjou. On se rappelle que le tribut qui faisait partie de ces conditions, et qui devait être offert dans deux cassettes portées par un palefroi blanc (origine de la haquenée), était, quoique réduit à une moindre somme par des conventions subséquentes, régulièrement payé la veille de la Saint-Pierre (voyez pag. 272). Voilà donc que tout à coup les ambassadeurs d'un des concurrents veulent exercer, et presque violemment, le droit d'offrir et de faire accepter ce tribut. A la première nouvelle de la démarche du cardinal, ministre français, et de l'ambassadeur d'Espagne, M. le comte de Lamberg, ambassadeur de Léopold, sollicite la même faveur. Il se présentait ainsi deux tributs et deux haquenées. Le pape ne voulait pas accepter l'hommage d'une des parties, de peur d'offenser l'autre, et il souffrait de ne pas accorder ce que désirait la France, parce qu'il penchait en secret à la favo riser. Il y a des historiens imprudents, qui, dans des pages injurieuses, moquent des traités conclus avec les papes, et regardent ces stipulations comme illusoires, misérables, et de peu de durée. Nous voyons cependant aujourd'hui, qu'en 1701, un traité conclu en 1267, c'est-à-dire depuis 434 ans, est encore debout, plein de force, de vie et de puissance. Aux termes de ce traité, Clément XI répondait à M. de Lamberg: « La couronne des Deux-Siciles est incompatible avec l'Empire (voyez p. 96). Léopold l'empereur aura pour successeur Joseph, son fils aîné, qui a perdu son enfant mâle, et qui n'a que deux filles : la couronne impériale appartiendra au prince Charles pour qui vous demandez Naples. >> Clément XI disait ensuite à M. d'Uzéda : « La couronne de Sicile est incompatible avec la possession de la Lombardie. Depuis

se

Charles-Quint, nous avons réclamé contre la réunion des deux états; aujourd'hui on appelle le saint - siége dans le différend qui s'élève; nous devons tenir aux conditions signées en 1267. » Les pourparlers continuèrent. De la part de la France, ou plutôt de l'Espagne, on offrit au pape les deux provinces des Abruzzes, situées dans le voisinage de ses états. Lamberg n'offrait aucun avantage. Cependant le jour de la fête de saint Pierre s'avançait. Le pape fut obligé de publier une réponse claire et positive. Il déclara que plus que jamais il tenait à son droit d'investiture, qu'il aimait à voir quatre augustes princes rivaliser de zèle pour proclamer le même droit; que quant à la question de savoir à qui serait accordée la nouvelle investiture, il fallait attendre que les puissances de l'Europe fussent d'accord, pour ne reconnaître qu'un seul roi d'Espagne. Tout à coup il arriva de Madrid une dépêche royale qui enjoignait au duc d'Uzéda de présenter le tribut avec les formalités accoutumées, et, si le pape se refusait à le recevoir, de tâcher d'accomplir l'ordre de la cour par surprise. D'Uzéda ordonna au prince Colonna, connétable du royaume de Naples, de prendre ses mesures, pour que l'ordre royal reçût absolument son exécution. Le pape chercha encore à modérer le zèle de d'Uzéda. « Je ne veux accepter en ce moment, ni argent, ni haquenée, ni rien qui ressemble à un hommage lige laissons les affaires mieux s'éclaircir. Je n'entends d'ailleurs préjudicier aux droits de personne. » L'Espagnol pensait alors à user de subterfuges. Il appelle à lu secrètement l'agent d'Espagne, Alphonse de Torralba, et lui dit :

A tout prix, il faut que l'on présente la haquenée. » Alphonse acheta un cheval de la couleur indiquée, le revêtit d'un caparaçon brodé en or, aux armes pontificales, y attacha une reconnaissance notariée du tribut, réduit alors à sept mille ducats, et cacha ensuite le cheval presque tout entier sous plusieurs de ces longues couvertures communes, dont se servent les paysans

pour envelopper leurs chevaux à la traversée des montagnes. S'étant introduit ainsi dans les cours du Vatican, il s'avança, au moment où parut le tribunal de la camera, abattit les couvertures, prononça rapidement les paroles officielles de l'offre du tribut, et prit la fuite. Le comte de Lamberg protesta, en riant, contre cette singulière manière de rendre un hommage, et dans laquelle on pouvait ne pas reconnaître la gravité espagnole. Mais la première règle pour les ambassadeurs d'Espagne est une exacte et prompte obéissance.

De plus sérieux événements allaient se développer. Il y eut une révolte à Naples, en faveur de l'empereur : une flotte arrivée de Cadix parut dans la rade; des galères stationnées vers l'embouchure du Tibre dans le voisinage du Numicius (voy. pl. 77) (*), vinrent joindre cette flotte; le parti français terrassa ceux qui avaient pris les couleurs de l'archiduc Charles. Catinat attendait des renforts du Piémont, le duc de Savoie ne paraissait pas. Le maréchal écrivait à M. de Phélípeaux, ambassadeur de France à Turin: « Le

(*) C'est dans le bel ouvrage de la duchesse de Devonshire, l'édition de l'Eneide d'Annibal Caro, que nous avons pris la planche 77 que nous offrons ici. J'a demandé des informations sur le fleuve Numicius à mon confrère M. Moilevaut, qui a fait de si élégantes, et de si utiles traductions de l'Eneide. Il m'a complaisamment communiqué de précieuses recherches à ce sujet.

M. le baron de Walkenaër, que ses connaissances en géographie ont rendu si célèbre, place le Numicius au fond d'un vallon, au bas de la colline de Pratica (Lavinium), à l'est, là où est à présent le Rio torto. Selon M. de Walkenaër, les sources se trouvent près de S. Procula, où devait être le bois consacré à Énée. Avant de se jeter dans la mer, cette rivière forme une petite lagune ou étang salé près de torre Vaianica. C'est aux environs de Rio torto qu'on élève des buffles. Ils sont là à moitié cachés dans l'eau, d'où ils regardent les passants d'un air stupide et cruel. La duchesse de Devonshire, la première, a eu l'idée de faire dessiner ce site si pittoresque.

duc ne vient pas; pour lui, à la bonne heure, mais nous avons besoin de ses troupes. Marchent-elles donc en serpentant, comme le Méandre? »

Le prince Eugène assiégea Mantoue l'année suivante. Il entra dans Crémone par une ruse; mais heureusement un corps de troupes françaises, rassemblé de bonne heure, pour faire l'exercice, se trouva prêt, et repoussa le prince. Philippe V était venu à Naples; de là il avait visité la Toscane, et par sa présence redonné du courage à ses partisans de Crémone. Alors les Français perdirent en Allemagne la célèbre bataille de Hochstett, ils furent battus à Ramillies. En 1706, puis le prince Eugène s'empara de Turin; le duc de Savoie, Victor-Amédée, vant alors contre les Français, se couvrit de gloire dans ce beau fait d'armes. En 1707, le général Daun assiégea et prit Naples au nom du roi Charles. Les eletti de la ville demandèrent la conservation de leurs priviléges : elle fut accordée.

ser

Les états d'Italie appartenaient donc tour à tour à qui voulait les envahir. Ces petites puissances, faibles d'hommes et ruinées, ne pouvaient se soutenir seules contre les grands corps aguerris et disciplinés des autres nations. L'union de tous les états et de tous les souverains de la Péninsule aurait seule contribué à leur défense commune, et formé, entre cette partie de l'Europe et les autres, une barrière impénétrable; mais la discorde, la jalousie, l'ambition, l'esprit d'intrigue, les divisions, réduisaient chacun à ses propres forces. Et que pouvaient ces forces contre celles de cinq puissances capables de balancer entre elles le sort de toute l'Europe? Les confédérés, ivres de leurs succès, demandaient que Louis XIV abandonVillaviciosa en Castille, et de Denain nât son petit-fils. Les victoires de en Flandre, ramenèrent les esprits des alliés à la modération, seule base des pacifications durables. Le traité d'Utrecht (1713), complété l'année suivante par celui de Rastadt, assigna l'Espagne et les Indes à Philippe V,

Gibraltar et Minorque à l'Angleterre, le Montferrat, une partie du Milanez, et la Sicile au duc de Savoie, avec le titre de roi, enfin Milan, Mantoue et Naples à la maison d'Autriche.

FÊTES DE JOIE EN ITALIE. — DETAILS SUR LES PLAI SIRS DE LA SCENE. PRINCIPAUX PERSONNAGES DE LA COMÉDIE ITALIENNE.

L'Italie célébra par des fêtes le retour de la paix. On se livra dans chaque ville, aux plaisirs du théâtre. Nous n'avons pas encore parlé de l'art scénique chez les Italiens. Ils avaient surtout des caractères nationaux, qu'ils aimaient à revoir souvent. On verra, pl. 78 et 79, les divers acteurs de comédie qui reparaissaient toujours avec le même masque et le même costume, pour jouer toutefois des scènes différentes, mais cependant assorties à leurs habitudes.

Voici quelques notices succinctes, tirées des auteurs du pays, sur les personnages mimiques que la scène comique italienne a admis jusqu'à nos jours, tant sur les théâtres que dans les spectacles de la foire.

Les plus anciens de ces personnages dont il soit fait mention dans le XVI siècle, sont les Zanni, nom sous lequel furent connus en Italie les deux personnages vulgairement appelés Arlequin et Scapin. Nous ne nous arrêterons pas à rechercher ni si l'étymologie du mot Zanni, répond au nom de Jean dans quelques pays, ni si l'un et l'autre étaient pour le costume, comme pour le caractère, les mêmes que ceux qui égayaient les scènes grecque et romaine. Nous nous bornerons à les décrire tels qu'on les a vus encore de notre temps.

Le costume du zanne Scapin, qu'on trouve pl. 78 E, a beaucoup de variétés : primitivement il a été tel qu'on le voit ici; il avait une sorte de bonnet de femme, et son caractère était la ruse. Il était aussi plus hardi que le zanne Arlequin, que nous allons décrire. Les vêtements de ce dernier ont subi deux variations: on voit l'ancien zanne Arlequin, pl. 79 A, et l'Arlequin moderne, même pl. D. Le costume de ces zanni, qui n'a jamais été celui d'aucune nation, se

composait de morceaux de drap rouges, bleus,oranges et violets,coupés en triangle et cousus les uns aux autres depuis le haut jusqu'en bas, comme pour former une seule étoffe. Un petit chapeau couvrait à peine la tête, qui était rasée; la chaussure n'avait pas de semelle. Un masque noir et court avec deux trous devant les yeux cachait la figure. Arlequin devait faire rire les spectateurs par le son de sa voix, par ses gestes, par ses grimaces et ses contorsions. Son caractère était celui d'un idiot qui avait toujours faim. Il y a été fait dans la suite quelques altérations, et l'on a fini par lui donner même un peu d'esprit et de courage. Quelques-uns, dans les derniers temps, l'ont fait parler en homme d'expérience et en moraliste.

Outre l'Arlequin et le Scapin dont il vient d'être parlé, on trouvè cité dans le 50° bozza du théâtre de la Scala, un graziano Dottore; c'est le joli masque, si plaisant, qu'on voit pl. 79 C, et dont le nez est en forme de bec

d'oiseau; un Capitano Spavento, pl. 79 F; un pantalon vénitien, pl. 78 A, un Pedrolino, Pierrot, pl. 79 E. Le docteur parlait bolonais, a cause de Bologna la Dotta. Le capitaine parlait un espagnol mêlé de milanais et de napolitain. Il y avait du courage à mettre ainsi sur la scène le dominateur de l'Italie. Le Pantalon parlait vénitien; les zanni, Arlequin et Scapin, parlaient bergamasque. On leur prêtait ce langage à cause de la prétendue analogie de leur caractère avec celui de la population des vallées de Bergame, qu'on supposait composée de gens idiots ou rusés, ce qui a définitivement donné à Arlequin le caractère d'idiot, et à Scapin celui de rusé. Les auteurs qui ont ensuite fait d'Arlequin un homme d'esprit et de bon conseil. étaient, peut-être, des Bergamasques, et ils avaient raison de détruire de faux préjugés.

Nous remarquerons que le capitaine Spavento disparut du théâtre un des premiers. Il y aura eu quelque intervention du vice-roi de Naples et du gouverneur de Milan.

Il y a lieu de croire que le masque de Pulcinella (Polichinelle) est bien ancien; car on voit dans le musée du marquis Alexandre Capponi un histrion avec un masque, une camisole mal arrangée et d'une forme risible, une longue dent aux deux côtés de la bouche, les yeux effarés, le nez long et arqué, une bosse par devant et par derrière, et des socques aux pieds; le caractère de ce masque est le même que celui que prêtalent les anciens au personnage destiné par sa balourdise, ses paroles, ses craintes et ses vêtements, à faire rire les spectateurs. L'usage s'en perdit avec les mœurs, et, ce qui est singulier, il n'y en a plus de traces que dans notre Polichinelle de France; mais il fut rendu au théâtre italien par Silvio Fiorillo, qui lui donna le dialecte calabrois (voy. pl. 78 B). Après lui, André Calcese, dit le Ciuccio, qui était tailleur (il mourut en 1636), entreprit de le représenter, ce qu'il fit avec beaucoup de grace et de naturel. On lui attribuait pour objet l'imitation des manières des villani (campagnards) d'Acerra, ville peu de distance de Naples. Le triomphe du Pulcinella est à Naples; mais on l'introduisit aussi avec un acteur né napolitain, sur les scènes des autres pays.

à

Les Bolonais ont eu leur Narcisino, connu sous le nom de Dessevedo di Malalbergo (voy. pl. 78 C), après, lequel Bigher, excellent comédien de Bologne, fit paraître son Tabarino et son Fitoncello. Les Napolitains ont inventé Scaramucci (voy. pl. 78 F); c'est un résolu qui fait et débrouille les intrigues. On leur doit aussi Tartaglia (voy. pl. 78 D); c'est une variété de Pierrot; il est niais quand Arlequin a de l'esprit, et il a de l'esprit, quand Arlequin est niais. Giangurgolo (voy. pl. 79 B) est Calabrais; il porte une épée, mais il fuit souvent devant un homme qui n'en a pas. On peut prendre ce masque pour une variété cachée des Capitaines glorieux. Les Romains ont fourni don Pasquale: c'est un bon bourgeois toujours mystifié. Ensuite, lorsque la scène est de

venue plus grave, les Italiens y ont introduit tous les caractères de la société; mais il n'y a pas de doute que ce sont eux qui sont les créateurs modernes de l'art comique.

Quand Henri III parut à Venise, on représenta devant lui des comédies qui lui parurent très-agréables. Il fit venir une troupe de ces comédiens vénitiens, pour avoir le plaisir de ce spectacle aux états de Blois. La troupe ayant été arrêtée par des huguenots, le roi proposa de payer sa rançon. Alors ces comédiens ouvrirent leur théâtre, dans la salle même des états, en l'année 1577 (*).

PAIX DE PASSAROWITZ. - VICTOR COURONNÉ ROL EN SICILE. QUERELLES DE LA PRINCESSE MARGUERITE AVEC COSME III. MORT DE FERDINAND, FILS AÎNÉ DE COSME. DETAILS SUR JEAN GASTON ET SON ÉPOUSE.COSME APPELLE AU GRANDDUCHÉ L'ÉLECTRICE SA FILLE.

La paix de Passarowitz, en 1717, fixa les destinées de Venise. Cette république possédait le Dogat, qui comprenait Venise, les îles et les bords des lagunes; sur le continent de l'Italie, Bergame, Brescia, Crême, Vérone, Vicence, Rovigo, Trévise, le Frioul, l'Istrie et la Dalmatie; enfin, dans la mer Ionienne, les îles de Corfou, Sainte-Maure, Céphalonie, Thiaqui (Ithaque), Zante et Cérigo. Suivant les recensements d'alors, la population de tout ce territoire montait à

deux millions cinq cent mille ames,

et les revenus à six millions de ducats

d'argent (un peu plus de vingt-quatre millions de francs). Voilà l'état auquel avait été réduit le seigneur du quart et demi de l'empire romain (voyez pag. 89). Cet autre monde,

(*) Le prix des places était d'un demiteston (dix sous). Au mois de mai suivant, toujours sous la protection du roi, la troupe vint s'établir à Paris, rue des Poulies, hôtel du Petit-Bourbon : elle se recrutait en Italie. En 1687, on vit sur le rideau : Castigat ridendo mores. En 1697, M. d'Argenson renvoya la troupe. Le duc d'Orléans régent fit venir une nouvelle troupe en 1716, et pour l'ouverture on joua l'Heureuse surprise.

« VorigeDoorgaan »