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dans Ravenne, accepta sa capitulation, lui promit la vie, et ne se souvenant pas que le dernier prince détrôné l'avait due à Odoacre, ie tua de sa propre main, malgré sa capitulation. Trente ans de vertus et d'actions les plus éclatantes n'ont pas effacé une tache si noire. Maître de toute la péninsule, il demanda, par des ambassadeurs, et il obtint la main d'Audeflède, sœur de Clovis, se fit reconnaître roi d'Italie en 500, fut reçu par le pape, le sénat et le peuple, comme s'il était empereur, mais ne demanda jamais ce titre. Jaloux des applaudissements des Romains, il chercha par des actes sages et utiles à faire oublier Odoacre, et donna des fêtes somptueuses dans l'amphithéâtre Flavien, qui est loin d'avoir conservé aujourd'hui son ensemble étonnant de magnificence et de majesté (*).

(*) La planche représente l'amphithéâtre Flavien, appelé successivement Colosseo, Coliseum, en français Colysée. L'arc qui est à droite est celui qui avait été érigé en l'honneur de Constantin-le-Grand.

L'amphithéâtre Flavien joue un rôle important et singulier dans la suite des destinées de Rome, même après qu'il eut cessé de réunir les Romains pour les combats de gladiateurs. Il devint, tour à tour, une fortification importante qui réprimait la ville, un hôpital pour des pestiférés, un asile de voleurs, un atelier de faux monnoyeurs, un théâtre de combats de chevaliers se battant pour leurs dames, une carrière de pierres à construction; un lieu sacré, où l'on fonda des chapelles, où l'on donna des missions; une occasion de gloire pour Clément X, qui a ordonné le premier qu'on respectât cette arène arrosée du sang de tant de martyrs; pour Pie VII, qui y a fait exécuter d'innombrables travaux de restauration; enfin il est le point qui même encore, de nos jours, excite l'admiration de tous les étrangers. Déja le vénérable Béda disait en 731: « Tant que le Colysée durera, Rome durera; quand le Colysée tombera, Rome tombera; quand Rome tombera, le monde tombera aussi.

Au milieu de la capitale, là où Néron avait formé son étang, Vespasien, après avoir triomphé de la Judée, construisit cet amphithéâtre, afin d'exécuter le projet conçu par Auguste. Suétone dit qu'Auguste avait dé

Montesquieu, dans ses pages immortelles, a accordé des louanges mé

cidé qu'il y aurait un amphithéâtre au milieu de la ville; toutefois il fut achevé et dédié par Titus, fils de Vespasien, l'an de Rome 833, l'an de J.-C. 80. On dit que le nom de Colysée vient du célèbre colosse de Néron, qui du haut de la voie Sacrée, où Vespasien l'avait érigé en le consacrant au Soleil, fut transporté près de l'amphithéâtre. D'ailleurs, cet édifice est plus que colossal par lui-même. Il a 1610 pieds romains de tour (le pied romain est d'un peu plus de onze pouces de France), 581 dans son grand diamètre, 481 dans le petit, et 153 pieds de haut, construction dont la magnificence surpassait, en plusieurs parties, celle des pyramides d'Egypte, du temple d'Ephèse, et des autres merveilles du monde. Il est certain que ses ruines, dans l'état même où elles sont actuellement, donnent la plus haute idée de la puissance de celui qui le fit construire: on rapporte que douze mille juifs conduits en esclavage à Rome y furent employés sans interruption pendant plusieurs années.

Dans les détails qui suivent, il y en a beaucoup qui n'ont jamais été publiés en France.

Ce superbe monument avait été destiné spécialement à la représentation de chasses aux bêtes, de combats de gladiateurs et de naumachies. Il est de forme ovale, presque tout en travertin (pierre de Tivoli formée du sédiment des eaux), avec deux portiques extérieurs qui en font le tour, et qui ont chacun 80 arcs soutenus par des piliers de six pieds en carré. Ces arcs sont tous les mêmes, décorés des mêmes ornements; c'est cependant cette uniformité 80 fois multipliée, qui produit un des plus admirables spectacles que l'homme ait pu offrir à l'homme. Ce monument a quatre étages; les arcades des trois premiers sont ornées de colonnes d'ordres divers, en demi-saillie: celles du premier étage sont doriques, celles du second ioniques, celles du troisième corinthiennes. C'est comme une addition, sur un seul point, des plus hautes conceptions de l'architecture. Le quatrième étage consiste en un grand mur avec un double rang de 40 fenêtres chacun, placées entre les 80 pilastres d'ordre corinthien. Les arcades extérieures du rez-de-chaussée étaient numérotées de I à LXXVI. Les quatre du milieu ne l'ont pas été: elles étaient un peu plus spacieuses. Les deux, qui correspon

ritées à Théodoric. Ce prince, élevé comme ôtage à la cour de Constantinople où il s'était instruit en philosophie,

daient aux extrémités du petit diamètre de l'édifice, servaient d'entrée principale, et les deux, qui se trouvaient aux extrémités du grand diamètre, étaient destinées à faciliter l'introduction des machines, et la circulation des hommes chargés de servir dans le cirque. Les numéros de XXIII à LIV existent encore. L'arcade de l'entrée principale, qui était sans numéro, fut placée entre les numéros XXXVIII et XXXIX, et décorée de deux colonnes cannelées de marbre vio

let en saillie. Le numéro I était à la droite

de ceux qui entraient par la porte du midi, près de laquelle on a trouvé une entrée souterraine faite postérieurement pour le passage de l'empereur, quand il se rendait à sa loge. Ces quatre étages étaient disposés intérieurement, de manière que le premier avait plus de saillie que le second, et ainsi des autres. Les pierres étaient liées entre elles avec des goujons de métal, et les trous qu'on y voit ont été faits par les Barbares, ou par les hommes du pays, qui purent enlever ce que n'avaient pas trouvé les Barbares: l'absence des goujons a déformé cette construction. Le larmier, qui finit le quatrième ordre, était percé tout autour de deux cent quarante trous carrés, devant recevoir chacun une poutre qui posait sur une colonne à plomb au-dessous de chaque trou. Au sommet de ces poutres, était une poulie dans laquelle on passait une corde qui soutenait le velarium destiné à couvrir, au besoin, l'amphithéâtre. Au-dessus de ce larmier, posait un socle uni, faisant le tour et servant d'abri.

Il y avait 3 ordres de doubles corridors, les uns au-dessus des autres. Il en reste encore à l'extérieur un côté entier et solide, dont quelques parties paraissent aussi belles que s'il était construit aujourd'hui. Les deux corridors de chaque étage ont chacun 15 pieds de large. Le pavé est d'un ciment qui a la dureté du marbre, et qui est couvert de petits carreaux, ouvrage que les anciens ont appelé opus spicatum.

Les proportions de cet édifice sont si belles et si justes, qu'il n'y a rien hors de mesure, ni qui puisse être accusé de lourdeur.

Les excavations ordonnées par les Français, à qui nous rendons ici la gloire qu'ils méritent, ont démontré que le podium et l'arène avaient une bâtisse souterraine,

2o Livraison. (Italir,)

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en politique, et même dans l'art militaire, joignait aux vertus des peuples barbares les connaissances des peuples civilisés. Il appela les Italiens aux emplois du forum, et les Ostrogoths aux emplois de la guerre. Il fit adopter directement le code de Théodose II qui avait abrogé beaucoup de lois anciennes. Ce code contenait les lois des empereurs chrétiens, les édits, rescrits, ordonnances, et décrets du conseil, et il répandait déja une très-grande lumière dans le barreau. Des jurisconsultes prétendent que le code théodosien, malgré ses imperfections et plusieurs traces de superstition, peut être quelquefois jugé préférable à celui que Justinien publia depuis. Les Visigoths l'adoptèrent; il a disparu dans les siècles d'ignorance. Ce bienfait de Théodoric ne fut pas le seul qui le rendit cher à l'Italie. Libéral et même magnifique, il n'estimait l'or que pour le distribuer; aussi grand politique que grand capitaine, il chercha la paix, et sut faire la guerre. Théophane dit que Théodoric était fort instruit; aussi l'on peut ne pas croire au récit d'un anonyme qui assure que ce prince ne savait ni lire, ni écrire, et qu'il se servait d'une lame d'or percée à jour des cinq lettres THEOD, et que passant la plume

se préparaient les manœuvres pour la chasse des bêtes.

L'intérieur de cet amphithéâtre finissait dans le haut, au-dessus des gradins, par un portique de 60 colonnes de marbre. Elles étaient placées directement à plomb audessus des piliers qui séparaient du second le premier portique extérieur. Les architraves et les ornements de ces colonnes étaient en bois doré ainsi que le plafond. Les gradins, placés au-dessus et au-dessous du plafond, étaient également en bois : aussi les auteurs font mention d'incendies qui firent suspendre l'usage de l'amphithéâtre. Les Régionaires rapportent que cet édifice pouvait contenir 87,000 spectateurs.

Il existe dans le musée du duc de Blacas, une médaille d'Alexandre Sévère, grand bronze, d'une conservation magnifique, représentant au revers le Colysée, tel que nous venons de le décrire, surtout pour la partie la plus élevée.

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dans ses vides, il formait ainsi sa signature. Ce prince fonda des prix pour ceux qui se distinguaient dans les arts. Comme il voulait et savait faire de grandes choses, il honorait ceux qui pouvaient les écrire et les transmettre à la postérité. Ce fut la Science qui procura la faveur de Théodoric et la dignité de consul au célèbre Boèce. Dans la lettre que ce prince écrit à Vénantius en lui conférant la charge de comte des domestiques, il dit : « Que les lettres ajoutent un nouveau ⚫ lustre à la plus haute naissance, et que « leur suffrage rend un homme digne a des plus grands honneurs. » Il tient le même langage dans plusieurs de ses autres lettres. Il est vrai que c'est Cassiodore qui écrivait au nom de Théodoric, mais le secrétaire n'aurait-il pas rendu le prince ridicule, s'il eût mis des éloges si pompeux de la littérature dans la bouche d'un prince ignorant? Dion Cassius, qui a composé une histoire générale des Goths, séduit apparemment par la prévention qu'inspire à un historien l'amour de son propre ouvrage, allait jusqu'à les comparer aux Grecs pour la science et la sagesse. Théodoric avait déclaré que les naturels du pays lui seraient aussi chers que ses anciens sujets, et qu'il ne donnerait de préférence qu'à ceux qui seraient plus fidèles à observer les lois. « Nous détestons, dit-il, les oppres<< seurs : ce n'est pas la force qui doit régner, c'est la justice. Pourquoi « établissons-nous des tribunaux, si ce « n'est pour désarmer la violence? « Vous êtes rassemblés sous le même empire; que vos cœurs soient unis! « Les Goths doivent aimer les Ro"mains comme leurs voisins et leurs frères, et les Romains doivent chérir « les Goths comme leurs défenseurs. » Ce fut peut-être ce titre de défenseurs si honorable, si flatteur, cette récompense due certainement au courage toujours prêt à affronter les périls de la guerre, cette dénomination reconnaissante que dans aucun pays on ne doit refuser à l'homme dévoué qui peut mourir le lendemain, en courant remplir son devoir; ce füt peut-être

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cette dernière expression de Théodoric, dans laquelle on peut voir que les Goths avaient la première part à son estime, qui les engagea, après qu'on leur eut donné le tiers des fonds de terre, à se prétendre exempts des taxes et à les rejeter sur les Romains. Théodoric obligea les Ostrogoths de payer leur quote-part. « Ils ont mau«vaise grace, disait-il, de vouloir « s'affranchir des tributs, je paie plus « qu'eux : car je regarde comme tri« but le soulagement que je dois à « ceux qui sont dans l'indigence. »

Ne croirait-on pas ces paroles puisées dans les doctrines du livre de Télémaque?

Théodoric disait aussi : « Où la jus«tice tient le sceptre, les droits ne « sont pas confondus. Le défenseur « de la liberté ne se propose pas de << faire des esclaves. Que les autres conquérants pillent ou détruisent « les villes dont ils se sont rendus maîtres, pour nous, notre intention « est de traiter les vaincus, de ma«nière qu'ils regrettent de ne pas avoir « été vaincus plus tôt ! »

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Enfin il prit l'habillement romain; mais il permit aux Ostrogoths de conserver leurs coutumes particulières. Il dut encore être singulièrement agréable aux habitants de Rome, lorsqu'il alla admirer la colonne Trajane, le Capitole et les aqueducs. Pour entretenir les anciens monuments, il ordonna que les provinces d'Italie fourniraient tous les ans des matériaux de toute espèce à la ville de Rome, et que les particuliers laisseraient prendre sur leurs terres les pierres inútiles et les marbres de démolition qui pourraient servir à la réparation des murs. Cet usage subsiste encore: seulement à la permission de recueillir des matériaux, on a substitué l'établissement d'une subvention qui a pour but le même objet de restauration. C'est ainsi qu'en vertu d'une ancienne loi de Théodoric, Léon XII a fait réparer en 1827 les désastres de Tivoli (*) où l'A

(*) La planche 5 représente la grotte de Neptune à Tivoli. Le Tévérone, appelé par les

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niène avait rompu ses digues, moyennant un très-léger impôt frappé sur toutes les villes des états romains. Ni Tivoli, ni le trésor public n'ont été chargés de paiements exorbitants. Les villes qui ont ainsi contribué à la sûreté et à l'embellissement d'une au

Latins Anio, en français Aniène, prend sa source près de Trévi, vers les frontières de l'ancien pays des Herniques, et sépare la Sabine du Latium. Arrivé au-dessus de Tivoli, il s'avance majestueusement, se rétrécit entre deux collines, et, trouvant un rocher taillé à pic, il se précipite dans un vallon qui a plus de 50 pieds de profondeur, avec un fracas qui inspire l'admiration et l'effroi. On appelle ce vallon la grotte de Neptune. Sixte V avait fait construire à grands frais une muraille qui réglait le cours de l'eau, et qui en rendait la chute plus belle. C'est cette muraille qui a été emportée par le torrent, au mois de novembre 1826, et que Leon XII a fait réparer avec une promptitude et un soin dignes des plus grands éloges. On descend dans la grotte de Neptune le long d'une rampe ou escalier, fait par ordre du général Miollis, en 1809. Sur le rocher le long duquel on descend, on peut considérer d'énormes cristallisations stratifiées sur un roseau, sur un tronc d'arbre qui végétaient il y a des milliers d'années. Au bas de l'escalier, la grotte se manifeste dans toute sa magnificence; l'eau rebondit et remplit l'air d'une vapeur qui donne le spectacle de l'arc-en-ciel, toutes les fois qu'on a le soleil derrière soi. Il y a encore quatre autres petites chutes sur la droite qui, mêlant leurs eaux à l'énorme amas de la grande masse, vont l'aider à former plus bas ce que l'on appelle les Cascatelles; nappes d'argent, déployées et étendues sur une longue surface, tombant de plus de cent pieds de haut, en suivant la pente de la montagne, qui est presque perpendiculaire.

Dans la grotte, on jouit d'un de ces imposants spectacles de la nature, qu'on aime à revoir plusieurs fois. On prendrait l'entrée pour le portique d'une divinité marine; les contours ont, pour ornements, dit un célèbre naturaliste, la scolopendre, les adiantes, et d'autres espèces de la brillante famille des cryptogames. Le bryum et le mnyum (algues et mousses), continuellement humeetés par la poussière humide qui s'élève de toules parts, tapissent le sol du vert le plus éclatant.

tre ville, ont à leur tour, dans un cas à peu près semblable, le droit de prétendre au même avantage.

Théodoric ne fut Quoique arien, il ne fit aucun mal aux pas persécuteur. chrétiens fidèles. « Nous n'avons, ditil, aucun empire sur la religion, « parce qu'on ne peut forcer la « croyance. »>

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Parmi les personnages qui approchèrent Théodoric, il faut nommer Arthémidóre. Ce fut moins un ministre qu'un favori, mais un favori profitant de mérite. Il fut nommé préfet de de son crédit pour servir les hommes Rome. Libérius, préfet du prétoire, avait dû cette charge à des sentiments de fidélité long-temps conservés pour Odoacre. Cette vertu brillante frappa Théodoric qui se plut à la récompenser.

Cependant les mauvais traitements que les anciens amis de Théodoric éprouvaient en Orient, répandirent de sombres nuages dans l'esprit de ce prince. Après avoir été pendant plus de 30 ans le modèle des souverains, juste, sage, brave et généreux, il devint retrouva en frémissant l'assassin d'Oà l'âge de 70 ans défiant et cruel. On doacre. Il avait commencé comme Auguste, et il ne fut ni aussi constant dans le bien, ni aussi heureux qu'Auguste, qui ne retomba jamais dans le mal. Cette altération dans le caractère de Théodoric éloigna de sa personne les hommes vertueux, et rapprocha ces indignes courtisans qui aiment et secourent les princes méchants. Cassiodore se défit de sa charge et se retira de la cour. Boèce, élevé dès sa jeunesse au rang de patrice, consul en 510, avait vu en 522 ses deux fils revêtus Boèce, całomnié, fut jeté en prison à ensemble du consulat. Plus tard. Calvenzano, entre Pavie et Milan; c'est là qu'il composa le célèbre ouvrage De la Consolation de la philosophie. Pour tirer de Boèce l'aveu d'une conspiration chimérique, on lui serra si violemment le crâne avec des cordes, que les yeux sortirent de la těte. Comme il persistait à nier, on l'assomma à coups de bâton. Son beau

père Symmaque, enveloppé dans la même accusation, eut la tête tranchée.

Il faut croire que les remords tourmentaient avec violence Théodoric, quand il mourut, à Ravenne, le 30 août 526, après un règne de 33

ans.

Toutefois il laissait l'Italie en paix, cette Italie qui depuis deux siècles, excepté pendant quelques instants de la vie d'Odoacre, avait été affligée de tant de misères. Résumons ici plusieurs autres circonstances importantes de ce règne. Ce Théodoric, si on consent à ne pas s'appesantir sur les crimes du commencement ou de la fin de sa vie, fut le héros du siècle.

Il ruina des villes : il en fonda; il en agrandit quelques-unes. Celles qui périrent, furent Aquilée, Luni, Chiusi, Populonia, Fiésole; celles qui furent fondées ou augmentées, furent Venise, qui n'était généralement, depuis Attila, qu'un ramas de pêcheurs, Sienne, Ferrare, l'Aquila. Celles qui, de petites devinrent beaucoup plus grandes, furent Gênes, Pise, Florence, Milan, Naples et Bologne. Il affectionnait particulièrement Terracine, et il y avait bâti un palais, dont les ruines subsistent encore (*). Il rebâtit Rome presque tout entière. Comme son règne dura le tiers d'un siècle, on a dit souvent que le langage des Goths se fondit avec celui des Romains. Le savant M. de Saint-Martin (j'ai cité souvent plusieurs des sages et nouvelles opinions qu'il manifeste dans son édition de l'Histoire du BasEmpire de Lebeau) n'est pas de ce sentiment; il pense que la langue des Goths et que les divers idiomes d'o

(*) Théodoric avait fait bâtir ce palais à Terracine, l'Anxur des Romains. On voit encore les terrasses d'appui qui soutenaient les travaux du jardin. Ce n'était pas sans raison qu'il avait fixé son séjour à Anxur; on y respirait un air pur, et la mer y forme un golfe, d'où le roi d'Italie contemplait une grande partie de la Méditerranée, qu'il voulait disputer à l'empire d'Orient. Le golfe avait été utile aux flottes romaines, auxquelles il servait de station, lorsque le mauvais temps les chassait de Mysène.

rigine germanique portés en Italie par les Barbares qui s'en emparèrent après la chute de l'empire, ont eu bien peu d'influence sur la formation de la langue italienne. Il est certain, dit-il, que cette influence est presque nulle, pour ce qui concerne la grammaire et que le nombre des mots gothiques ou barbares d'origine qui sont restés dans l'italien, est bien peu considérable. Les Goths et les étrangers qui vinrent avec eux et après eux, dit encore M. de St.-Martin, étaient en trop petit nombre pour pouvoir exercer une action bien sensible sous ce rapport. Les vaincus continuèrent en Italie de se servir de la langue latine qui se corrompit, s'altéra peu à peu, et finit par produire l'italien. Il en fut à peu près de même dans les autres parties de l'Europe qui avaient été soumises à l'empire. Le`latin abandonné à des hommes grossiers et ignorants qui ne l'avaient peut-être jamais bien parlé, produisit des idiomes nouveaux, mais tous plus ou moins rapprochés, sous le rapport de la grammaire ou de la lexicographie de l'ancienne langue d'où ils tirent leur origine. A tout prendre, continue M. de Saint-Martin, l'influence des Goths et des autres peuples barbares est pour peu de chose dans la formation des langues modernes de l'Europe latine.

Presque tous les philologues italiens pensent au contraire que leur langage est né de la corruption de la langue latine et du mélange et de la collision d'une langue déja affaiblie avec les différents idiomes des étrangers. Ils pensent que leur langage primitif, perdant de jour en jour les formes qui lui étaient propres, recevant incessamment de nouveaux mots étrangers qui s'accordaient avec la désinence latine et celle des dialectes déja trèsnombreux, même au temps où la latinité était dans sa fleur, et donnant à son tour aux paroles latines et à celles des dialectes une désinence contraire au parler des barbares, se trouva enfin transformé et revêtu d'autant de couleurs qu'il en fallait

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