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toujours un usage généreux et digne. « C'était un de ces hommes « d'élite à qui l'envie elle même est obligée de rendre hommage, • parce que toutes leurs idées et toutes leurs aspirations sont a puisées à la double source de la religion et du patrio« tisme (1). »

Aussi, lorsque l'empereur Napoléon voulut reconstituer et raffermir l'ordre social en appelant aux grandes fonctions publiques, des gens de bien, que recommandaient à la fois de grands talents et l'estime dont ils jouissaient dans l'esprit de leurs concitoyens, afin qu'ils fissent oublier aux populations lassées l'ignorance, la basse cruauté, les déprédations et les vices des proconsuls de la république, il donna à François Meeùs une preuve de haute confiance, en le nommant président du conseil général du département de la Dyle. Nous avons dit qu'il était de plus président du corps électoral du 3e arrondissement de ce département et qu'en cette double qualité il assista au sacre de l'empereur en 1804.

Guillaume Ier, appréciant à son tour le choix qu'avait fait l'empereur Napoléon dans la personne de François Meeûs, lui témoigna également son estime et sa confiance. Il l'appela à la seconde Chambre des États généraux, et ce mandat législatif, marque de faveur souveraine, fut confirmé et maintenu constamment par la voix du scrutin. François Meeùs se montra digne de ces suffrages réitérés. De même que toutes les autres sommités de la représentation nationale à cette époque, dont la Belgique s'honore, il fut un défenseur intelligent des besoins et des vœux légitimes du pays. Fidèle aux exemples de ses pères, il fit preuve d'un « dévouement absolu aux intérêts moraux et matériels de « ses concitoyens. » Ces mots, pour tous les membres de la famille de Meeûs, sont aujourd'hui, de l'assentiment unanime de toutes les classes de la société, l'expression réelle de la vérité.

(1) J. J. Thonissen, Vie du comte Ferdinand de Mecûs, p. 2.

Parfait catholique, François Meeùs mourut saintement, comme il avait vécu. La capitale entière, s'associant au deuil de sa famille, pleura cet homme probe et consciencieux, qu'elle avait toujours vu gérer ses propres affaires, comme celles de son pays, avec honneur et désintéressement.

Il avait épousé, le 13 mars 1790, à Bruxelles, Marie Thérèse van der Borcht, d'une ancienne famille du Brabant, d'origine espagnole, qui compte, parmi ses ancêtres, l'amiral van der Borcht, dont le portrait, peint par van Dyck, existe encore au Musée de Madrid. Née à Bruxelles, le 22 décembre 1766, morte à Bruxelles, le 5 août 1815, Marie Thérèse van der Borcht était fille unique et héritière de Jean Baptiste et de Marie Caroline Leleux.

Ils eurent, de leur mariagé, cinq enfants, savoir:

A. Pierre François Joseph, qui suit, XIII.

B. Marie Françoise, née à Bruxelles, le 12 messidor an IV, morte le 24 novembre 1835, à l'âge de trente neuf ans, épousa, le 20 juin 1828, François Joseph Frédéric Ghislain, baron de Roest d'Alkemade, né à Bruxelles, le 2 juillet 1791, fils de Jacques Godefroid, vicomte de Roest d'Alkemade, et de Marie Barbe Catherine de Roest d'Alkemade.

C. Ferdinand Philippe, comte de Meeûs d'Argenteuil, fondateur de la branche de Meeûs d'Argenteuil.

D. Henriette Françoise, née à Bruxelles, le 4 fructidor an VIII, épousa Marie Charles Ferdinand Balthazar, baron de Macar, né le 5 septembre 1785, mort le 27 mars 1866, gouverneur de la province de Liége, fils de Pierre François Balthazar de Macar, conseiller du prince évêque de Liége, et d'Anne Marie Augustine Scholastique d'Aoust.

E. Anne Joséphine Françoise Thérèse, née à Bruxelles, le 7 août 1803, épousa, le 7 mai 1822, Joseph Hyacinthe Jacques, comte Martini, chevalier des ordres de Léopold, de la Légion d'honneur et du Mérite civil de Saint Louis du duché de Lucques, commandeur de l'ordre Constantinien de Saint Georges de Parme, chambellan du duc de Lucques, officier de cavalerie sous l'empire, etc., né à Anvers, le 7 juillet 1791, fils de Joseph Jacques Nicolas Martini et de Jeanne Colette Françoise du Bois de Vroylande.

XIII. PIERRE FRANÇOIS JOSEPH MEEUS, né à Bruxelles, le 9 août 1792, épousa, à Bruxelles, le 7 septembre 1812, Marie Jeanne Pauline Brion, née à Bruxelles, le 15 octobre 1793, morte à Bruxelles, le 28 avril 1846, à l'âge de cinquante deux ans, fille de Paul Joseph Brion, ancien membre du conseil municipal de Bruxelles, et de Marie Josèphe le Juste, dont trois enfants, savoir :

A. François MEEUS.

B. Mathilde, épousa, à Saint Josse Ten Noode, en novembre 1849, Félix, chevalier de Sauvage Vercourt.

C. François Pierre Joseph, qui suit, XIV.

XIV. FRANÇOIS PIERRE JOSEPH MEEUS, né à Bruxelles, le 24 octobre 1815, épousa, à Bruxelles, le 14 août 1837, Louise Adèle Ghislaine Henriette de Waha, née à Bruxelles, le 30 novembre 1816, fille de Jacques Joseph Ghislain de Waha et de Rosalie Isabelle Baesen de Houtain.

Meeûs d'Argenteuil.

XIII. FERDINAND PHILIPPE, COMTE DE MEEUS D'ARGENTEUIL, par lettres patentes de Sa Majesté le roi Léopold Ier, en date du 10 décembre 1836, docteur en droit, gouverneur de la Société générale pour favoriser l'industrie nationale, commandeur des ordres de Léopold, de la Légion d'honneur, de Saxe et du Lion Néerlandais, colonel de la garde bourgeoise de Bruxelles et membre du Comité de sûreté, en 1830, membre du Congrès national, membre de la Chambre des représentants, depuis l'origine de cette assemblée jusqu'en 1845; fils puîné de François Joseph Meeùs, président du collège électoral du 3o arrondissement du département de la

Dyle, président du conseil général du même département, sous l'empire français, membre de la seconde Chambre des États généraux du royaume des Pays Bas, et chevalier de l'ordre du Lion Néerlandais, etc.; et de Marie Thérèse van der Borcht; né à Bruxelles, le 9 prairial an VI de la république française, mort à Bruxelles, le 9 avril 1861.

Ferdinand Philippe Meeùs grandit à une époque difficile pour l'enseignement de la jeunesse chrétienne. Les écoles dirigées par le clergé avaient été supprimées par la grande révolution qui marqua la fin du XVIe siècle, et aucune n'était rétablie; les parents, chez qui la foi catholique s'était maintenue intacte et qui croyaient fermement, non seulement que hors l'Église il n'est point de salut, mais aussi qu'il n'existe point de base solide pour la conservation de l'ordre social, étaient réduits à la dure nécessité d'envoyer leurs enfants aux établissements officiels. Les meilleurs, et le Lycée impérial de Bruxelles était de ce nombre, ne laissaient rien à désirer sous le rapport de l'enseignement littéraire, mais la jeunesse était loin d'y rencontrer les mêmes avantages dans la sphère bien autrement importante de l'éducation religieuse. Il fallait une foi robuste et une volonté bien ferme pour conserver de pures croyances dans l'atmosphère de ces écoles. Aussi, cette période de la vie du comte Ferdinand Philippe de Meeùs fut-elle une des plus critiques de son existence. M. J. J. Thonissen la décrit en ces termes :

«Malgré la surveillance la plus active exercée par les admia nistrateurs de l'établissement, il est certain que les élèves s'y a trouvaient en quelque sorte plongés dans une atmosphère « d'irréligion dédaigneuse. Resté fidèle aux sentiments de foi et « de piété qui avaient toujours fait l'apanage glorieux de sa fa<< mille, l'homme dont nous allons esquisser la vie eut bien des << assauts à soutenir; mais, au lieu de se courber lâchement sous a ces attaques incessantes, il n'y voyait qu'un motif d'étudier les « dogmes, de recueillir les preuves et de sonder les sources du

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« culte dix fois séculaire qui servait de but à tant d'attaques et d'outrages. Il lut et comprit si bien les écrits des principaux « apologistes que, loin de perdre les nobles et pures croyances a de son enfance, il sortit plus fort et plus convaincu de ces « tristes luttes, où les sophismes de l'impiété se trouvaient asso«ciés aux passions ardentes du jeune âge. Son esprit, aussi pé«nétrant que juste, aperçut clairement la vérité et s'y attacha « avec un vigoureux élan qui ne se démentit jamais. C'est même « dans ces études religieuses commencées sur les bancs de « l'école qu'il faut chercher la cause de la prédilection constante « pour les recherches théologiques, qu'il manifesta dans tout le « cours de sa belle carrière (1). »

Sous d'autres rapports, l'enseignement classique du Lycée impérial de Bruxelles fructifia rapidement chez le jeune Ferdinand Philippe de Meeùs. Il fut l'un des élèves les plus distingués de cette institution qui forma tant d'hommes célèbres dans les sciences, les arts, la littérature, le barreau, la magistrature, la politique, le monde et l'armée.

Son cours d'humanités terminé, il fit ses études universitaires à Louvain, où il obtint, le 5 août 1819, le grade de docteur en droit.

Mais ce diplôme, pour le jeune Ferdinand Philippe de Meeùs, était un moyen et non pas le but de sa carrière. Il ne rechercha pas dans les luttes du barreau les succès et la renommée auxquels il pouvait légitimement prétendre. Les traditions de ses pères lui traçaient une autre mission. Il prit la direction de l'importante maison de banque de son nom, qui jouissait déjà d'une réputation séculaire et européenne de loyauté poussée jusqu'au scrupule, d'appui constant et des plus efficaces pour le commerce de la capitale, d'impulsion créatrice pour l'industrie générale du

pays.

(1) Vie du comte Ferdinand de Meeûs, pp. 4 et 5.

LA BELGIQUE HÉRALDIQUE, VII.

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